A-t-on le droit à l’oubli ?

Sport
Cet article a été publié le : 16 février 2010 à 14h36
A-t-on le droit à l’oubli ?



A-t’on le droit à l’oubli ?

 

Laurent Bousquet, à la tête de l’équipe de France de Complet, depuis le 1er février, mérite aujourd’hui qu’on lui fiche la paix. Il doit travailler dans la sérénité, sans pression extérieure. Lui-même le sait, on le jugera avant tout sur ses résultats.

Mais, avant que ne débute la saison, peut-on oublier si vite son prédécesseur, Thierry Touzaint. Le « Sorcier » ne mériterait-il pas que la famille du complet lui offre une sortie digne de son rang. Un juste retour des choses après tout ce qu’il a pu apporter à sa discipline ?

Nous écrivions dans Ouest-France du 6 novembre dernier : « Est-il choquant qu’un club, une Fédération songe à remplacer, après seize ans de carrière, un entraîneur ? Est-il discutable que des instances dirigeantes analysent les raisons d’échecs, comme a pu en enregistrer le concours complet aux Jeux de Hong Kong et aux derniers Euros de Fontainebleau. Voire imagine une refonte, une organisation idoine pour remettre la discipline à flot ? Non !

 

Mais, le futur remplacement, à la tête de l’équipe de France, du Saumurois Thierry Touzaint par le Sarthois Laurent Bousquet, fait ruer le petit monde du complet. Parce qu’il a été initié sans en aviser la base, les cavaliers pour qui cette annonce devenait secret de polichinelle. « Un, souligne Pascal Dubois, le DTN, jusqu’à présent rien n’est officiel. Thierry Touzaint est toujours entraîneur des Bleus, Laurent (Bousquet) n’a pour l’instant qu’un rôle de chargé de mission avec pour objectif de mener une réflexion sur la restructuration du complet et du dressage. » Il poursuit : « Et comme lors du départ de Gilles Bertran de Balanda (saut d’obstacles) tout se déroule dans un climat de confiance entre les parties prenantes. »

Soit ! Mais comment expliquer qu’une telle décision, in fine, de confier les reines de la discipline à un homme neuf, soit si vite arrivée aux oreilles des équitants. Laissant place à des commentaires approbatifs, critiques voire acérés, que l’on soit d’un côté de la barrière. »

Fi de l’histoire ancienne, mais…

Un problème de mauvaise communication pour le moins étrange ! Chacun a pu avoir et exprimer son avis sur le sujet. Mais c’est de l’histoire ancienne et il s’agit, pour l’intérêt du concours complet, de se remettre rapidement au galop, le regard tourné vers l’avenir. En laissant Laurent Bousquet œuvrer en toute sérénité.

Mais osera-t-on le souligner, peut-on oublier le passé, notre bonheur d’hier !  Thierry Touzaint laissera, tout de même, derrière lui une trace indélébile. Il restera celui qui a inoculé cette culture de la gagne, géré sa fonction avec un immense professionnalisme, avec cette capacité, plus que d’autres, de prévoir l’avenir quitte à aller à l’encontre de l’opinion publique, des instances fédérales.

Certes, il n’a pas besoin d’avocat. Pour connaître l’homme, nous savons tout autant qu’il saura rebondir : entraîneur privé, responsable d’une écurie de compétition, enseignant ? Il n’est pas plus désarçonné. « Il a marqué l’Histoire, et j’ai du mal à croire que cette Histoire puisse s’écrire, aujourd’hui, sans qu’il en apporte sa patte, sa signature », souligne Michel Asseray.

Parfois, on lui reproche sa timidité, ou de n’être pas assez bavard. Ce n’est que de la discrétion, par rapport à tous les acteurs de son sport. Ainsi, il ne s’est pas prononcé sur son éviction de la tête d’une équipe de France qu’il chérissait. Thierry Touzaint respecte et protége trop son monde. Un monde qui lui doit, à nos yeux, toute sa reconnaissance. On devra très certainement le pousser à sortir de sa réserve, mais ne mérite-il pas qu’on l’on fête, c’est paradoxal, son départ. « Un gars, comme lui, le mérite. Il a marqué le sport équestre à jamais, il aime l’équitation française et le concours complet », conclut Michel Asseray. A la famille de ce sport merveilleux, riche d’histoires humaines, d’y réfléchir.

 

Guy FICHET.