L’exercice d’Arnaud Boiteau

Pédagogie
Cet article a été publié le : 27 avril 2011 à 7h34
L’exercice d’Arnaud Boiteau


Comme vous en avez maintenant l’habitude, cette semaine, c’est Arnaud Boiteau, écuyer du Cadre Noir et cavalier Olympique, qui nous présente un exercice de dressage. « C’est un exercice qui m’a été proposé par Serge Cornut. Je l’ai beaucoup pratiqué avec Expo du Moulin, car il avait tendance à se piquer dans son galop. Au début, ça le perturbait beaucoup, il partait en ruade, fouaillait de la queue, etc. Serge Cornut est le maître pour faire sortir les chevaux de leur train-train. Au final, ça permet aux chevaux de révéler des choses qu’on aurait jamais soupçonné! »

En quoi consiste l’exercice et comment le réaliser correctement ?

« C’est un exercice de gymnastique sur le plat au galop, à la fois simple et utile. Sur un cercle de 20 mètres à peu près, il s’agit tour à tour de développer le galop en pli inverse, puis de raccourcir le galop en passant en pli intérieur et en épaule en avant, voire épaule en dedans pour les chevaux d’un niveau supérieur. L’intérêt est justement l’alternance rapide entre l’étirement et la compression des muscles intérieurs. Par exemple à main droite, dans l’allongement, le fait de mettre un pli inverse va permettre de libérer l’épaule droite pour que l’antérieur puisse gagner du terrain. Après, dans l’épaule en avant, ça va permettre de raccourcir le côté droit avec l’obligation pour le cheval d’engager le postérieur intérieur sous la masse. Et bien sûr, il ne faut pas oublier de changer de main régulièrement pour ne pas faire travailler qu’un seul côté. »

A quoi sert-il?

« Comme tous les exercices de gymnastique sur le plat, c’est un bon exercice car il met le cheval dans la variation, dans l’opposition entre deux attitudes très différentes. Le but est d’assouplir le cheval et de lui donner de l’amplitude au galop. Il est idéal pour les chevaux qui ont un galop court, un peu piqué ou ceux qui ont tendance à se traverser, car ça permet de prendre le contrôle de l’arrière-main. Le fait d’allonger le galop en pli inverse va forcément mettre les chevaux sur les épaules, mais on va les déséquilibrer pour mieux les rééquilibrer avec l’épaule en avant. Et inversement, en raccourcissant le galop, le cheval peut avoir tendance à s’éteindre ou se désengager mais le fait de réallonger rapidement derrière ne doit pas lui en laisser le temps. En fait on prépare les muscles à l’effort suivant et petit à petit, on sent un cheval plus organisé dans son galop, qui se livre plus, avec moins de résistances et plus d’équilibre. La finalité, c’est toujours plus d’équilibre, d’engagement et d’abaissement des hanches! »

Quels problèmes peut-on rencontrer sur cet exercice?

« Ça demande déjà un cheval un minimum équilibré et dressé, capable de faire des transitions dans le galop. Donc avec un 4 ans un peu sur les épaules, ça va être difficile! Et même avec un cheval dressé, au début on a l’impression de le désorganiser dans son corps… On crée du déséquilibre, on met le bazar! Il faut vraiment aller chercher la limite pour que l’exercice soit productif. Et après, on récupère un galop beaucoup plus organisé et souple qu’au début. »

Propos recueillis par Hedwige Favre