Tatchou est né

Sport
Cet article a été publié le : 22 septembre 2009 à 22h03

Tatchou est né

Ouest-France – 18 septembre – Guy Fichet


Nicolas Touzaint, le cavalier de Saint-Clément de La Place, près d’Angers champion d’Europe. Il remet son titre en jeu, avec une belle gourmandise, heureux de chevaucher Tatchou.

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Nicolas Touzaint, vous défendrez votre titre en selle sur Tatchou.

Je n’avais pas trop le choix ! Pour lui, il s’agira d’une grande première. Mais il a acquis l’expérience voulue pour sauter allégrement l’obstacle. Personnellement, je trouve cela très motivant et intéressant à vivre.

Vous misiez un peu plus sur Galan de Sauvagère, votre crack double champion d’Europe. Un regret ?

Galan et Tatchou sont des chevaux très compétitifs. Mais, à l’orée d’une grande échéance, c’est eux qui décident, suivant leur état de forme, leurs capacités physiques. J’aurais aimé m’appuyer sur une ou deux cartouches supplémentaires. Maintenant, à quoi sert de disserter, puisque la question ne se pose pas. Galan de Sauvagère n’est pas, actuellement, au summum de son art.

Aux yeux des juges de dressage, Tatchou n’a pas la même aura que Galan. Un handicap ?

C’est certain, mais le dressage n’est qu’une composante (avec le cross et le saut d’obstacles) d’un concours complet. Galan c’est Galan ! Il a quinze ans, et je me refuse à regarder dans le rétroviseur. On verra ce que l’avenir nous réserve. Mais, pour revenir à Tatchou, qui sait qu’à 11 ans il possède déjà un meilleur palmarès que Galan au même âge ? Il a peut-être vécu un début de saison difficile, consécutif à deux blessures successives (en mars avant la première étape du Grand National, il a été arrêté un mois ; idem en mai à Saumur). Mon projet de lui faire disputer Badminton est ainsi tombé à l’eau. Depuis trois mois, heureusement, tout est rentré dans l’ordre.

« Il aime que l’on s’occupe de lui »

Ce Tatchou, c’est un bébé du Lion-d’Angers, une épreuve chère à votre cœur.

Un beau symbole. Il nous avait tapé dans l’œil lors de la finale des jeunes chevaux de 6 ans à Pompadour. Cette année 2004, au Lion-d’Angers, Tatchou avait confirmé tout le bien que l’on pensait de lui, en terminant 8e sous la selle d’Armand Capdeville. Avec mes parents, on l’a acheté la semaine suivante. En 2006, sous ma selle, il remporte ce même Mondial des jeunes chevaux à 7 ans, puis enchaîne par des succès à Boekelo (Pays-Bas) à 8 ans, Saumur à 9 ans. Enfin, il termine deuxième du 4 étoiles de Pau à 10 ans.

Vous êtes double champion du monde et tenant du titre. C’est un surcroît de pression ?

Je suis ravi de courir en France et de monter Tatchou. Heureux pour M.M. Chackil et Leclerc qui en sont co-propriétaires et m’ont permis de le conserver dans mes écuries. Je le sens très réactif et particulièrement en bonne forme physique et morale. Cela peut-être intéressant.

Vous parlez ensemble, que vous reproche-t-il, qu’aime-t-il chez vous ?

C’est un petit nerveux qui marche au mental contrairement à d’autres qui, compte tenu de leur morphologie, s’appuient sur leur physique. Que dit-il de moi ? Que je l’ennuie beaucoup dans le travail au quotidien. C’est un joueur, il aime par exemple se rouler par terre, que l’on s’occupe de lui, qu’on lui apporte beaucoup d’affection. Il en a besoin pour être bien dans sa tête, mais me le rend au centuple.

Et sur un plan purement technique ?

Tatchou a énormément progressé en dressage. Il n’a peut-être pas toutes les capacités physiques pour une telle spécificité, mais sur le carré, il dégage une belle présence et il y est devenu très sérieux devant les juges. Son gros point fort reste tout de même le cross, c’est un très grand galopeur. Sur le saut d’obstacles, son maillon faible, Tatchou demeure en constante évolution. Je crois beaucoup en lui.

Vous imaginez réussir la passe de trois, avec un tel crack en devenir ?

C’est le but du jeu, sinon à quoi sert de galoper. J’ai aussi cet esprit de gagneur, un trait de caractère que cultivent mon oncle, entraîneur national, et Jean-Yves, mon père. On joue enfin à domicile à Fontainebleau, ce peut être un avantage. Du moins, je l’espère. Le Grand Parquet est un terrain exigeant, avec une épreuve de jumping digne d’un Grand Prix de pur saut d’obstacles. Je reste tout de même prudent, et l’intérêt de l’équipe primera.

Recueilli par Guy FICHET.