3 questions à Hervé Godignon

Sport
Cet article a été publié le : 28 janvier 2013 à 10h06
3 questions à Hervé Godignon


Hervé Godignon, Président de l’ACSOF, est à l’origine du groupe Facebook « Les « indignés » de la politique fédérale de la FFE » créé il y a quelques semaines à peine et qui se définit « comme un « agitateur d’idées » ». Cela nous intéressait d’avoir son avis de cavalier de CSO sur la situation du Complet.
Pensez-vous que le CSO soit dans la même situation que le Complet?
« Ils sont confrontés à la même situation dans le sens qu’eux non plus n’ont plus d’entraîneur, et que le projet sportif n’est toujours pas établi. Mais j’ai l’impression que

les cavaliers de CSO ont une meilleure écoute auprès du Président de la FFE. Ils demandent un vrai chef d’équipe, qui soit plus présent à leur côté que ne l’était Henk Nooren. Pour l’instant, même si rien de concret n’a été exposé, leurs avis sont plus pris en compte. Et malgré l’échec aux Jeux, la situation du CSO Français est quand même meilleure : nous sommes présents dans le top 10 mondial, il y a régulièrement des Français au classement dans les plus grandes échéances… Le CSO a aussi une spécificité par rapport au Complet : il y a beaucoup plus d’épreuves dans l’année et on peut se permettre de rater une échéance et malgré cela faire une bonne saison. Mais à 18 mois des Championnats du Monde dans notre propre pays, il faut monter une opération commando car on n’a tout simplement pas le droit de passer à côté ! »
Vous avez réagi auprès des cavaliers de Complet pour les soutenir dans leur démarche. Dans quelle mesure vous sentez-vous solidaire ?
« Je me sens totalement solidaire ! On parle avant tout de sport : nos valeurs sont les mêmes, notre fonctionnement est à peu près le même… Il ne faut pas, comme s’obstine à le faire la DTN, s’arrêter à des petits groupes, ces « dream team » comme je les appelle, qui sont actuellement au meilleur niveau. Si on n’a pas de vision d’accession au Haut niveau, on va scléroser toute une filière qui ne continue d’exister que parce qu’elle rêve d’y accéder. Les éleveurs, les cavaliers, les entraîneurs, les sponsors… Pourquoi feraient-ils tous ces efforts financiers s’ils n’ont pas l’espoir d’arriver un jour à Haut niveau ? Si on sait que de toutes façons, ce seront toujours les mêmes qui seront sélectionnés, quel intérêt y a-t-il à essayer ? Moi qui suis un fervent Bleu-Blanc-Rouge, je me suis organisé cette année avec un cavalier étranger, car au moins je ne serai pas embêté avec les sélections ! C’est triste mais il y a tellement d’argent en jeu que je ne souhaite pas prendre le risque que mon cavalier se voit refuser l’accès aux compétitions parce qu’il n’est pas dans les petits papiers de la DTN. »
Comment voyez-vous les choses pour l’avenir? Qu’attendez-vous de la FFE pour développer le Haut niveau?
« Honnêtement, je ne sais pas du tout comment ça va se passer. J’ai créé ce groupe Facebook après une accumulation de bons projets qui n’ont pas abouti. Il y a eu Philippe Leoni, Jean-Maurice Bonneau, Henri Prudent, Eric Levallois… Et quand Laurent Bousquet a quitté son poste parce que lui non plus n’a pas réussi à se faire entendre, ça a été la goutte d’eau. En à peine 3 semaines, le groupe Facebook est passé à 4 500 membres ! Je suis à l’écoute de tous, et il ne ressort pas qu’un problème à Haut niveau. C’est l’ensemble du niveau équestre Français qui diminue. Et quand des gens compétents n’arrivent pas à se faire entendre, il y a un vrai malaise ! Depuis 10 ans, nous sommes confrontés à une parodie de démocratie. Normalement, une Fédération est au service de ses athlètes, et non l’inverse ! Aujourd’hui, je n’attends donc plus grand-chose de cette Fédération et il faudra certainement trouver d’autres solutions par nous-mêmes si nous voulons que les choses changent. »
Propos recueillis par Hedwige Favre