Alain James, le globe-trotteur du complet

Sport
Cet article a été publié le : 23 septembre 2013 à 14h12

Jeune retraitée de l’IFCE, Alain James n’a pas ralenti son rythme depuis janvier dernier. Membre de la commission CCE de la SHF, il est également juge lors de ses finales et surtout juge international, une fonction qu’il occupera lors des prochains JEM 2014 et qui le mène aux quatre coins du globe.

Vous faites partie de la commission CCE de la SHF depuis une décennie. Comment avez-vous rejoint ce groupe de travail ?

« J’étais le monsieur concours complet des Haras nationaux, et il fallait un représentant des Haras au sein des différentes commissions de la SHF. J’ai donc été proposé par les Haras et j’y suis toujours. »

Quel regard portez-vous sur le circuit SHF avec toute votre expérience de l’international?

« Ce n’est pas compliqué : le circuit SHF est envié dans le mone entier. C’est un circuit remarquable, améliorable bien entendu, et il s’est d’ailleurs amélioré d’année en année.Tout le monde souhaiterait mettre en place un circuit de formation et de sélection normalisé avec l’aide de fonds publics. En concours complet, les anglais et les irlandais, entre autres, nous copient en adaptant à leurs besoins. C’est un circuit connu et reconnu. »

Qu’est-ce qui constitue l’atout de la France en matière de formation des jeunes chevaux ?

« Je ne sais pas si nous sommes les meilleurs mais nous disposons de cet outil normalisé. Ce circuit SHF représente à la fois un outil de sélection, de formation et d’éducation des jeunes chevaux. Dans la sélection, nous définissons les objectifs à atteindre, quel type de cheval on souhaite obtenir pour le complet et à partir de là, nous mettons en place un circuit normalisé, avec des moyens matériels adaptés, autrement dit des délégués techniques, des juges formés. Nous nous réunissons régulièrement pour définir les normes pour atteindre ces objectifs. Les juges sont formatés et jugent de la même manière, avec de faibles différences. Les circuits respectent des normes techniques. Et les cavaliers savent que quand ils vont à tel endroit, les obstacles seront à telle hauteur, construits de telle façon, ce sur quoi les délégués techniques SHF veillent. Tout ça avec des moyens en partie publics, et l’intervention des socio-professionnels, ce qui permet de financer ce circuit. C’est ce qui fait notre force. »

Trouve-t-on le même type de circuit à l’étranger?

« Je ne sais même pas si les cavaliers Français en ont conscience. Mais lorsque je vais à l’étranger, les cavaliers rêvent d’avoir la même chose chez eux. Il existe des circuits jeunes chevaux dans d’autres pays mais faute de moyens, ils sont plus ou moins calibrés. Les niveaux ne sont jamais les mêmes d’un concours à l’autre. »

Certains pays vous ont-ils sollicité à ce sujet ?

« Oui, l’Italie par exemple nous a emanétous nos rglements pour essayer e copiernotre moe e onctionnement. L’Espagne,en concours complet, a totalement copiénotre système, aussi bien au niveau es jugesque u type eparcours. Nous avons été unpeu pionniers ans le omaine. »

Vous avez été choisi pour juger lors des prochains Jeux Equestres Mondiaux 2014 en Normandie. Depuis, vous êtes très sollicité par les organisateurs à travers le monde. Ça fait quoi d’être aussi demandé ?

« C’est évidemment un motif de satisfaction (rires) ! L’âge est un grand privilège mais cela a ses inconvénients. Je suis juge international depuis très longtemps, un peu plus d’une trentaine d’années, et j’ai eu l’occasion de voyager dans beaucoup d’endroits dans le monde, de juger de gros événements comme Badminton, Burghley, le circuit Coupe du Monde. Mais pour un juge, la reconnaissance définitive est de juger les JO ou les JEM. Aux JO de Londres, j’étais sur la longue liste, alors être retenu pour les JEM, c’est un vrai plaisir et un vrai intérêt car nous y voyons des chevaux fantastiques. La conséquence, c’est que tous les gros événements vous invitent. Je voyageais déjà pas mal et je vais le faire encore plus. Je vais essayer de gérer les invitations au mieux. Début avril, je serai aux Etats-Unis, et quinze jours après en Australie… Etant à la retraite depuis le 1er janvier, tout ça est tombé au bon moment ! »

Ce n’est pas plus difficile de juger en France, notamment l’équipe de France ?

« Oui, bien sûr, d’abord parce que nous sommes en France. Le moindre écart peut être interprété. Nous subissons une certaine pression, et c’est globalement difficile de juger sur de grandes compétitions. Nous devons être impartiaux dans notre jugement, et lorsque les Français passent, il ne faut pas non plus sous ce prétexte être trop sévère pour eux. Il y a une pression certaine, mes petits camarades me l’ont déjà mise, ce qui est normal. Rien ne me sera pardonné à ce niveau-là ! (rires) »

Vous qui êtes natif du sud-ouest, qui connaissez très bien le monde de l’élevage, selon vous, l’Anglo-arabe a-t-il encore un avenir ?

« Je ne vais pas être totalement objectif car je suis également consutant pour l’ANAA et la CIA qui rassemble 13 pays. Pour moi la discipline de prédilection de l’Anglo-arabe, c’est le concours complet. Il possède toutes les qualités requises, et l’expérience me donne raison, il suffit de regarder les résultats des Championnats SHF ici. A charge pour nous de faire connaître cette réussite incontestable.

Il y a notamment un important travail de promotion à réaliser à l’étranger. Pour les autres pays, l’Anglo-arabe est un cheval Français et dans le pire des cas c’est un issu d’Arabe, ce qui est péjoratif. Il y a donc un gros travail d’orientation de la race dans ses choix de sélection. Pour que l’Anglo-arabe reste performant, il faut améliorer ses allures, qu’il a perdu partiellement en quelques années. Elles sont aujourd’hui moins adaptées aux exigences du haut niveau, que je connais grâce à mes déplacements à l’international. Pour le haut niveau, il faut produire des chevaux avec de très belles allures, du sang, de l’équilibre. »

L’Anglo-arabe est donc une race internationale?

« Oui, et c’est le travail de la CIA présidée par la France composée de 17 pays. Elle met en place des actions visant à harmoniser les critères de sélection de la race, ce qui n’est pas simple. Un stud-book international Anglo-arabe est d’ailleurs en cours d’élaboration. Désormais, le stud-book Anglo-arabe ne sera plus ni Français, ni anglais, ni italien mais international. C’est un pas en avant fantastique ! D’abord parce que cela va ouvrir la base de sélection et grossir la population pour éviter la consanguinité. En regroupant tous ces chevaux, nous passons de 600 à 3000 naissances annuelles. Si les polonais et les sardes gagnent ici, c’est justement parce qu’ils n’ont pas cédé à la tentation du croisement. Ils ont sélectionné en vase clos en s’orientant vers la nouvelle demande en chevaux de sport. Ils ont conservé ce qui fait l’Anglo, le type, les tissus, et en plus ils bougent bien et ils sautent. Et pour ces chevaux, il y a des acheteurs. Je pense que des échanges avec ce type de souche peut être intéressant. »

 

Crédit Pixizone / SHF – Sources La Gazette de la Grande Semaine n°6