Avec Expo l’histoire est trop belle

Sport
Cet article a été publié le : 11 septembre 2010 à 7h04

Avec Arnaud Boiteau, il est souvent inutile de paraphraser une interview. Ses mots sont choisis et explicites. Le cavalier bannit  la langue de bois, ses réponses suffisent, sans autres artifices, à éclairer son lecteur. Aujourd’hui, l’Ecuyer du Cadre Noir de Saumur parle de sa sélection pour les Mondiaux de Lexington. C’est un peu long, mais tellement juste et vrai.


Un petit mot sur Deauville, où vous êtes actuellement en stage, jusqu’au 17 septembre.Cette préparation se déroule bien. Bien : parce que l’on dispose de bonnes conditions de travail avec d’excellentes carrières, une écurie parfaitement adaptée, calme et bien organisée, et une plage propice à ce que l’on veut faire. Un bon état d’esprit règne au niveau de l’entente mutuelle, c’est un bon groupe. Nous sommes logés tous ensemble, à la même enseigne, ce qui peut faire un peu peur sur le papier, mais dans une belle villa. Tout se passe donc comme dans le meilleur des mondes. Et l’on bosse pas mal.

Expo du Moulin dans tout cela ?

Il va bien, Expo est en forme, Expo a bien galopé, Expo a bien changé. Il y a un moment qu’on le dit et qu’on l’observe. Ici, à Deauville, on le mesure, par exemple, très spécifiquement sur l’hippodrome. Tous les matins, il y a des chevaux de course qui galopent à 50 mètres du carré de dressage. Expo reste pourtant imperturbable. Il y a quelques années, tu n’aurais même pas réussi à le monter.

C’est bon signe. Il est bien dans sa tête et fin prêt physiquement ?

Soit on le voit comme une perte de forme, ou comme un gain de sérénité. J’aurais tendance à pencher pour la deuxième hypothèse. Mais, ce n’est plus le même cheval. Physiquement, il va très bien.

« Ma sélection n’est pas volée »

Ici et là, on dit que vous pourriez entrer dans le carré d’AS pour défendre les couleurs tricolores ?

Rien n’est décidé et nous n’avons aucune info sur le sujet. Laurent Bousquet, quand il m’a annoncé, au Pin, qu’il pensait à moi, me voyait, sur le papier, à titre individuel. Il me l’a dit, je peux donc vous en parler. De toutes façons ce n’était pas surprenant. Mais, c’était avant le forfait de Nicolas (Touzaint). Laurent a bien évidemment une idée en tête, mais je pense qu’il attend beaucoup de la reconnaissance du parcours de cross. Il tiendra aussi compte de la forme des chevaux sur place.  En individuel ou par équipes, cette sélection est tout de même, de sa part, la traduction d’une belle marque de confiance.

Quand on est sélectionné neuf fois dans sa carrière, c’est très satisfaisant, une fierté. D’autant plus quand elle émane de deux entraîneurs différents. On finit toujours par penser, en cherchant le mauvais côté des choses, qu’un entraîneur puisse « s’acharner » sur un cavalier.  Je veux bien évidemment parler de Thierry Touzaint. Mais revenir en équipe de France sur proposition de son remplaçant, se voir sélectionné avec un cheval de 18 ans, cela prouve que l’on a pas volé sa place. Notamment, à un  moment où d’un point de vue politique, ce nouvel entraîneur doit, raison de sa nomination, mettre en place une nouvelle organisation, à partir de jeunes et nouveaux chevaux.

« Il n’est pas honnête d’oublier notre performance aux Euros »

Ici et là, on ne croyait pas vous voir endosser la tunique bleue. Certains vous reprochent aussi de ne pas toujours terminer les concours ?

Expo du Moulin, notamment aux championnats d’Europe, a été deux fois meilleur cheval français. Une troisième fois, la saison dernière à Fontainebleau, c’est à cause d’une blessure, consécutive à une mauvaise réception sur le cross, qu’il ne dispute pas le saut d’obstacles.

Ces critiques vous irritent un peu, voire vous blessent Je suis un peu déçu que certains oublient toutes ces choses, même si j’ai parfaitement compris que certains n’avaient lieu d’exister que dans la critique. Je trouve qu’il n’est pas très honnête, j’y reviens, que l’on occulte si vite la performance à ces Euros de Fontainebleau. Alors, je répète : j’étais cinquième au soir du cross. Si je n’ai pas fini le concours, c’est parce qu’Expo souffrait.

On vous sent, comme de coutume, l’âme conquérante ?

Je n’ai pas grand-chose à répondre à mes détracteurs, parce que j’e m’adresse plutôt aux gens pour qui j’ai du respect. Et surtout, ils n’influent en rien sur mon état d’esprit :  faire du mieux possible. A 18 ans, j’imagine que c’est la dernière grosse échéance d’Expo. Déjà, je ne pensais même pas aux Mondiaux. Ma motivation d’un point personnel :  que l’on fasse un concours à la mesure de ce que peut nous offrir Expo. En terminant sur une bonne note dans ce concert international, même si je suis persuadé qu’il nous restera une saison à disputer, après Lexington.! Et, bien évidemment, servir au mieux les intérêts du groupe.

Un dernier mot ?

Si l’on croît un peu au destin, un soupçon, on doit pouvoir imaginer que cela se passera correctement. Parce que l’Histoire est trop belle. termine tout de même premier Français au soir de ce cross.

Recueilli par Guy FICHET.