Donatien Schauly en concours

Sport
Cet article a été publié le : 25 février 2013 à 7h02
Donatien Schauly en concours


Après Lionel Guyon, c’est Donatien Schauly qui nous révèle son fonctionnement en compétition, ses habitudes et ses conseils…

1. Avez-vous un porte-bonheur ?

Pas vraiment mais j’ai mes petites maniaqueries. Chaque cheval a son matériel attitré et si une protection casse par exemple, j’ai tendance à racheter le même modèle. Et puis, j’ai l’habitude aussi d’avoir mon paquet de bonbon quand je pars en concours (les langues de chat rouge qui piquent) ! C’est mon péché mignon… »

2. Quelle est la première chose que vous faites en arrivant en concours (après avoir garé le camion et mis au box votre cheval) ?

« Je vérifie si mon cheval a bien voyagé, s’il est bien dans sa peau, et après je mets de l’ordre dans le camion pour qu’on puisse avoir de l’espace pour se poser. »

3. Quel est le dernier exercice que vous faites avant de rentrer sur le carré ?

« Avec Ocarina qui est assez chaud, je termine ma détente sur des étirements, comme pour une fin de séance. Je le laisse descendre son encolure pour qu’il retrouve du confort et de la souplesse. C’est après, quand je vais me présenter devant les juges, que j’en profite pour retrouver du brillant. Je fais quelques cessions à la jambe, un départ au galop pour vérifier qu’il soit bien en équilibre et au bout des rênes. Et après je rentre sur le carré… »

4. Quand ne peut-on plus vous parler ?

« Juste avant de me mettre à cheval, je m’isole toujours 5 minutes une fois que tout est prêt. J’en ai besoin pour me concentrer, visualiser une dernière fois les enchaînements, etc. »

 

 

5. Combien de reconnaissances faites-vous pour un cross ?

« Pour du haut niveau (à partir de CCI***), je fais généralement 5 reconnaissances. La première me sert juste à visualiser, prendre la température… Je vais commencer à aborder les distances, le tracé et la technique sur la 2ème reco. Mais si je ne trouve pas la solution pour un axe ou une distance, je préfère ne pas trop m’y attarder et je vois ça à la 3ème reconnaissance, où je prends les décisions techniques. Pour la 4ème reco, je vais faire exactement le tracé que je referai à cheval et j’essaie de voir là où je peux optimiser le chronomètre en serrant la corde, etc. Enfin, la 5ème est celle du jour J. Si j’ai la chance de passer en milieu ou fin d’épreuve, j’ai le temps d’aller voir l’état de la piste, ce que font les autres cavaliers sur les points stratégiques, comment réagissent les chevaux, etc.

Pour les jeunes chevaux, je ne fais qu’une reconnaissance car bien souvent on a beaucoup de chevaux le même jour et on n’a tout simplement pas le temps d’en faire plus. Pour les niveaux intermédiaires, j’en fais minimum 2 et en CIC*** j’en fais au moins 3. Evidemment, plus le niveau augmente, plus on a besoin de se creuser la tête donc c’est normal qu’on fasse plus de reconnaissances. »

6. Vos chevaux ont-ils un toilettage particulier (motif sur la croupe, paillettes…) ?

« Ils ont un toilettage classique, avec une natte de queue et un damier à l’anglaise pour le dressage. Je tiens aussi à mettre des élastiques blancs, je trouve ça plus joli. »

7. Qu’y a-t-il sur le tableau de bord de votre camion ?

« Je n’ai pas un camion spécifique donc c’est difficilement personnalisable ! »

 

 

8. Combien de temps prévoyez-vous pour votre détente ?

« Pour le dressage, je la fais en plusieurs fois, surtout avec des chevaux chauds comme Ocarina. Je le monte toujours une première fois le matin et je prévois ensuite entre 30 et 40 minutes. Si on fait durer la détente plus que ça, je trouve que les chevaux nous lâchent, perdent leur concentration. Je marche beaucoup dans ma détente, au moins 10 minutes. Ensuite je fais des étirements puis je vais assez vite à l’essentiel. Au galop, je vais rapidement aborder les changements de pied, pour pouvoir ne plus l’embêter avec ça juste avant de rentrer sinon ça pourrait lui chauffer la tête. En général, je termine ma détente par le travail au trot.

Avant le cross, il a généralement été longé avant et je prévois ½ heure de détente montée. Je répète mes gammes de travail sur le plat (épaule en dedans, appuyer, changement de pied…) car c’est important qu’il soit très disponible et réponde précisément à mes aides. Ensuite je commence à sauter, en contrôlant bien la rectitude sur des sauts de biais, ou des sauts près des fanions (soit à gauche, soit à droite). Je le mets dans le rythme du cross à la fin, sur des allongements.

Enfin pour le CSO, là encore c’est assez similaire avec ma détente de dressage. Je remets de l’équilibre avec des appuyers, des transitions, etc. Je commence toujours par deux ou trois sauts au trot, et après je monte de 3 trous en 3 trous pour essayer de limiter le nombre d’efforts (une douzaine en moyenne). Après le vertical, je commence toujours par un petit oxer montant. Après je monte très fort la barre de derrière en élargissant un peu, et je monte ensuite progressivement la barre du premier plan. Je termine cependant rarement sur un oxer carré car le dernier saut doit être en saut facile de confiance. Une jument comme Pivoine qui est très sensible, il ne faut surtout pas qu’elle touche le dernier obstacle avant de rentrer en piste, sinon elle se contracte et ne fera pas un bon parcours. S’il y a une faute à faire faire, c’est au moins 3 sauts avant.

Dans tous les cas, il est important de ne pas se dépêcher. Ça arrive que tout le monde s’agite autour de nous, qu’on ait du mal à récupérer une croix pour commencer à sauter, que tout d’un coup, il ne nous reste plus que 3 chevaux alors qu’on n’a pas encore commencé à sauter… Dans ces cas-là, j’arrive à rester très zen car il ne faut surtout pas que le cheval ressente une pression inutile. »

 

 

9. Avez-vous un dernier conseil à donner pour aborder une compétition ?

« Il faut être prêt techniquement sur le niveau qu’on engage pour ne pas laisser le moindre doute s’installer. En compétition, les doutes sont souvent l’ennemi de la réussite. Evidemment, parfois il faut bien passer un cap où l’on n’est plus très sûr de soi, mais dans ces cas-là, il faut au moins être sûr de sa technique, sinon on part à l’aventure ! Il m’est arrivé plusieurs fois d’arriver sur un concours et de trouver ça gros. Mais dans ces cas-là, je compte sur ma technique et cette technique ne change pas, quelle que soit la hauteur. »

 

Propos recueillis par Hedwige Favre