Emeric George tente le CCI**** de Luhmühlen

Sport
Cet article a été publié le : 03 juin 2013 à 7h21
Emeric George tente le CCI**** de Luhmühlen


Emeric George est engagé dans ce qui sera son tout premier 4 étoiles, à Luhmühlen en Allemagne. Une occasion idéale pour en savoir plus sur ce cavalier atypique…

Vous êtes avant tout cavalier de CSO, pensiez-vous pouvoir un jour courir un CCI**** ?
« Non, pas du tout, c’est P’tite Bombe qui me permet d’envisager ça ! J’ai commencé le Complet il y a 2 ans et demi avec elle, et ni elle ni moi n’avions jamais fait de cross, ni vu de carré de dressage ! Alors Luhmühlen, c’est un peu la cerise sur le gâteau ! »
On sent qu’il y a une histoire intéressante là-dessous. Comment en êtes-vous venu à cette discipline ?
« Pour commencer par le début, mes parents ont un petit élevage (ils font naître environ un cheval par an ou tous les deux ans) et ils avaient choisi Trésor du Renom pour la mère de P’tite Bombe, qui est Pur-Sang, dans l’optique que je puisse avoir un cheval de Complet plus tard. Ils préféraient que je commence par la compétition en saut d’obstacles, et que je sois un peu plus aguerri avant de me lancer sur un cross, mais ils n’avaient pas prévu que je persiste dans le CSO ! J’ai eu la chance de pouvoir participer à 7 championnats d’Europe en poney, junior et jeunes cavaliers, et après une période de trois ans le temps de reformer des chevaux, j’espère revenir vers les épreuves à 1m50 du circuit Grand national, avec mes deux huit ans.
J’avais donc débuté P’tite Bombe en CSO jusque sur des épreuves à 130cm et puis à la fin de sa formation, j’ai voulu la vendre pour du Complet puisqu’elle avait les origines et les qualités de la discipline. Sauf qu’on me reprochait systématiquement deux choses : elle n’était pas assez dressée, et n’avait jamais fait de cross. Je commençais à en avoir un peu marre, et c’est là qu’Eddy Sans m’a dit : « Et pourquoi tu t’y mettrais pas toi ? ». Et c’est comme ça que j’ai commencé ! Finalement, ça dure plus longtemps que prévu…Et pour l’instant, j’en profite, parce que je prends vraiment beaucoup de plaisir en Complet ! »
Comment préparez-vous ce **** ?
« J’ai couru Marbach en Allemagne début mai, c’était une bonne répétition avant Luhmühlen et ça m’a donné un aperçu des parcours Allemands. Je tiens quand même à préciser que j’y vais en toute humilité. Avec la concurrence qu’il y aura, je ne me fais pas d’illusion sur mon classement après le dressage ! Les concours ne commencent jamais très bien pour moi, mais P’tite Bombe me donne énormément de plaisir sur le reste ! Je pense qu’elle aura les moyens et la tenue pour venir au bout du cross. Elle a déjà fait Boekelo en format long assez facilement. J’avais pris 10 secondes de temps car je ne voulais pas trop la pousser au début, ne sachant pas bien comment elle serait à l’arrivée. Comme il y avait des combinaisons délicates en fin de parcours, j’avais perdu un peu de temps, mais elle était très fraîche à l’arrivée.
Pour Luhmühlen, je rallonge un peu la durée de mes galops de préparation. Là il m’en reste deux à faire, plus une petite séance d’obstacles (je ne saute pas beaucoup à la maison). Je voulais faire un concours de dressage mais il n’y en a pas beaucoup vers chez moi ! En plus, je serai au Grand National de Deauville le week-end juste avant de partir, c’est la difficulté de jongler entre les deux disciplines, donc je n’aurai malheureusement pas la possibilité de la ressortir, mais je crois qu’elle sera bien prête, du moins j’espère ! »

Travaillez-vous avec un entraîneur en dressage ?
« Oui, j’en ai besoin ! Je travaille avec l’entraîneur d’Eddy Sans et de Jean-Marie Bazire, Christophe Lenain Saint Jean. Ce travail avait porté ses fruits à la fin de l’hiver, j’avais fait quelques concours de dressage pur où j’avais réussi à obtenir près de 65% sur une reprise du niveau 3 étoiles CCE. Le problème, c’est que quand j’arrive sur des épreuves de haut niveau, où les enjeux sont plus importants, je monte comme si je pouvais gagner le dressage, alors que ce n’est pas possible avec elle. Mais je ne suis pas désespéré ! (rires) Si j’arrivais à conserver du relâchement, on pourrait gagner une dizaine de points sur ce test. Michel Asseray m’a donné quelques bons conseils dans ce sens à Marbach justement qui me permettent de progresser. Il m’a dit de ne pas chercher à demander ce que ma jument n’était pas prête à faire, mais plutôt de prendre le temps, de me concentrer sur la fluidité et le contrôle. C’est difficile mais c’est une super expérience dans ma carrière de cavalier de CSO, cela m’oblige à repousser mes limites… »
Est-ce que le Complet vous sert en CSO pur ?
« Oui, le Complet m’a beaucoup apporté avec mes autres chevaux ! Déjà sur le plat, je les travaille mieux au quotidien, ils sont mieux dressés. Mais le cross m’a aussi beaucoup servi : cela m’a appris à gérer mes abords sans casser le galop, à sauter avec un rythme plus soutenu, avec plus de fluidité. Ça me sert pour les parcours plus hauts où la vitesse imposée est à 400m/min, ce qui est très soutenu, ou encore sur les barrages et les épreuves de vitesse. »

Avez-vous d’autres chevaux en Complet ?
« Je viens de vendre un cheval de l’élevage familial que j’avais sorti en Complet, Ti Amo Mirco, du coup je n’ai à nouveau plus que P’tite Bombe pour cette discipline. J’ai une bonne 4 ans, Veneziana, qui est aussi une sœur utérine de P’tite Bombe, donc avec des origines Pur-Sang. Pour l’instant, je la sors plutôt en CSO car c’est bien qu’elle apprenne d’abord à sauter, m    ais c’est sûr qu’elle aurait le potentiel pour du Complet. Dans la famille, ils sont très courageux et ne se posent pas beaucoup de questions sur le cross, donc même en commençant un peu tard, si le dressage a été bien fait, cela peut aller assez vite. »
Etes-vous cavalier professionnel de métier ?
« Non en fait, j’ai terminé mes études, je suis ingénieur en Aménagement urbain et environnement. Mais là je suis momentanément sans emploi, alors il se trouve que je ne fais que monter à cheval ! J’en profite mais j’espère quand même que ce n’est que provisoire… »
Un petit mot pour finir ?
« Il n’y a pas de CCI**** tous les dimanches, alors quand on pense qu’on est prêt, il faut y aller ! Je remercie donc Thierry Touzaint qui m’a donné la possibilité d’aller à Luhmühlen et je pars motivé pour faire le mieux possible. »

 

Propos recueillis par Hedwige Favre, Photos d’Emeric George et P’tite Bombe à Pompadour 2013