Jean Pierre Texier : l’éleveur Breton

Élevage
Cet article a été publié le : 05 août 2013 à 8h01
Jean Pierre Texier : l’éleveur Breton

Jean-Pierre Texier


Cette semaine, nous vous faisons découvrir les membres du bureau de France Complet, qui agissent bénévolement pour faire évoluer le Complet Français. Nous commençons aujourd’hui avec Jean-Pierre Texier qui suit France Complet depuis le début et est entré au sein du Conseil d’Administration officiellement l’an dernier.
Jean-Pierre est le responsable du collège des éleveurs de France Complet, président de la FEDEB (Fédération des Eleveurs de chevaux de sport en Bretagne) et chargé également des relations entre France Complet et la SHF. Il nous parle de son activité d’éleveur de complet ainsi que des actions qu’il a déjà effectué, depuis qu’il a été élu au sein du Conseil d’administration de France Complet l’an dernier.

Vous êtes éleveur de chevaux de complet. Quelle est la particularité de ce type d’élevage ?

« L’objectif premier de l’éleveur de complet est avant tout de rechercher la complémentarité entre la poulinière et l’étalon. Le choix de la poulinière est primordial et celui de l’étalon doit compenser les lacunes de la poulinière. Par exemple, si on a une poulinière avec beaucoup de sang on essaiera de lui trouver un étalon qui transmet du modèle avec une robe flatteuse et un «  look » à faire craquer les juges dans leur cabine !!!
Mais comme je dis souvent : « si l’éleveur propose, le cheval dispose ». Il n’y a pas de recette qui marche à tous les coups !
J’attache également beaucoup d’importance au choix du cavalier à qui je confie un cheval. Il est nécessaire qu’il y ait une complicité entre le cavalier et l’éleveur ou le propriétaire. J’ai notamment eu le plaisir de travailler avec Frédéric de Romblay, Lionel Guyon, Jean Lou Bigot ou encore avec Mathieu Lemoine. Je suis aussi très heureux de voir mon fils Guillaume valoriser l’élevage familial en compétition (cf photo ci-dessous). Mais je garde une règle à l’esprit : il est aussi important de ne pas confier à un cavalier, même s’il est très bon, un cheval qui ne lui convient pas ou avec qui il ne s’entend pas.
La plus belle des récompenses pour un éleveur est évidement de voir les chevaux qu’il a fait naître courir les plus belles épreuves !»

Selon-vous qu’est ce qu’un bon cheval de complet ? Quelles qualités doit-il avoir ?

« Un cheval de complet doit avoir du sang, une bonne locomotion, et un excellent mental .En concours complet, le courage fait parfois toute la différence entre deux chevaux de capacités similaires. Pour terminer un cross et continuer à bien réagir face aux difficultés malgré la fatigue, le cheval doit avoir du «  cœur ». Par « cœur », j’entends un mélange d’ardeur et de sang-froid que l’on trouve souvent chez les chevaux près du sang. »

Vous êtes responsable du collège des éleveurs de France Complet. A ce titre, pouvez-vous nous parler du label 3 ans CCE ? Êtes-vous satisfait de ce dispositif et de sa mise en place?

« L’objectif de ce label est de valoriser et promouvoir les chevaux qui présenteraient une polyvalence intéressante pour le Concours Complet. Ces chevaux pourront être repérés sur tous les concours d’élevage des 3 ans montés, du concours local à la finale nationale. Il n’y a donc aucun frais spécifiques supplémentaires pour les éleveurs. C’est un plus que nous voulons leur offrir.
Bien-sûr, ce dispositif n’est pas parfait mais nous ne cessons de l’améliorer depuis 2012. Il a le mérite d’être simple, cohérent et opérationnel. Sa mise en place a été un peu tardive cette année, une bonne partie des concours régionaux côté Selle Français était déjà passée. Le label devrait donc surtout être distribué à partir de septembre, sur les régionaux et la finale des Selle Français, et sur la finale des Anglo-Arabes. Ce début d’année a déjà permis de former les juges à ces critères spécifiques CCE (à retrouver ici) afin qu’ils soient à même de repérer un bon cheval de Complet. Nous espérons que le label permettra de dynamiser la commercialisation de chevaux de complet dans de bonnes conditions. Enfin, nous nous réunirons fin 2013 pour faire le bilan de ce qui n’a pas été satisfaisant et proposer les améliorations pour 2014. »

Quelles sont les autres actions sur lesquelles vous travaillez pour France Complet ?

« Nous essayons également de dynamiser le complet en Bretagne. Avec Alix de Hercé, Xavier Traisnel et Catherine Clivio, nous avons d’abord procédé à un diagnostic de la situation en Bretagne. L’urgence aujourd’hui est de relancer la dynamique des compétitions car il y a actuellement de moins en moins d’organisateurs. Si nous faisons la promotion du cheval de Complet auprès des éleveurs, il est indispensable de mettre à leur disposition des terrains pour le valoriser.
Nous avons mené des actions auprès du Comité Régional d’Équitation, qui est très enthousiaste sur nos projets. Nous souhaitons ainsi organiser un nouveau CCE à Rennes et aider les organisateurs comme Dol de Bretagne et Corlay à passer le cap supérieur. Nous sommes actuellement dans les études de faisabilité.
Cette régionalisation a été initiée par France Complet cette année avec l’ensemble des membres de son bureau et pour toutes les régions de France. »

Les chevaux de l’élevage de Banuel, labellisé CCE

Et le mot de la fin ?

« Cela fait maintenant une quarantaine d’années que je vis avec ce sport, nous sommes un vieux couple !! Les chevaux et les cavaliers de complet m’ont accompagné pendant toute ma vie professionnelle de chef d’entreprise et j’ai une très sincère affection pour tous ces acteurs. Cette discipline participe à la construction et l’épanouissement de tous ces passionnés.

J’ai une pensée émue pour Bruno Bouvier qui me saluait avec sa formule « Salut le breton !! ».  Je pense aussi à Jean Boiteau, à sa gentillesse, sa disponibilité et sa passion… Au fait, est –il possible de vivre sans passion ? »

Propos recueillis par Laurent Jarjanette