Laurent Bousquet : »Tout le monde est sélectionneur »

Portrait
Cet article a été publié le : 18 août 2010 à 13h31
Laurent Bousquet : »Tout le monde est sélectionneur »


Il est très accaparé, on le sent à sa voix au téléphone. Laurent Bousquet, pour autant, ne raccroche pas le combiné. Et nous voilà repartis pour un échange long et instructif sur l’équipe de France, à la veille d’un rendez-vous ornais, au Pin, capital. A vous de juger ! Dommage, il nous a fallu couper tant le concours complet donne matière à franches et loyales discussions.

Maxime Livio ou Cédric Lyard, pour ne citer qu’eux, ne sont pas sur la liste des engagés du Pin, dernière ligne droite sur la route des sélections pour les Mondiaux de Lexington. Est-ce à dire que le rêve américain, pour eux, s’est envolé ?

« Bonne lecture ! J’ai dit et répété que c’est là, dans l’Orne, que j’affinerais mon choix et dicterais ma sélection définitive (Délivrée, lundi dans l’après-midi, après validation de la DTN», glisse Laurent Bousquet.

Alors, on pousse un peu plus le bouchon. On a dit, ici et là, qu’à Aix-La-Chapelle, vous aviez déjà retenu les prétendants au précieux sésame. Ou que du moins, Jean-Lou Bigot, Stanislas de Zuchowicz, Cédric Lyard, Lionnel Guyon formaient un carré d’As avec lequel vous pensiez pouvoir voyager.

« Faux ! A Aix, j’avais composé une équipe mixte, fidèle à ma devise, que c’est le meilleur moyen que les cavaliers ou chevaux, les moins aguerris à un haut niveau, puissent progresser. »

Au vu des résultats obtenus en Allemagne, la remarque prend un peu plus de son sens. Mais on insiste. Laurent vous reconnaîtrez que des couples comme Lionnel Guyon (Métisse de Lalou), Donatien Schauly (Séculaire), Nicolas Touzaint (Tatchou), Stanislas de Zuchowicz (Quirinal de la Batisde), présents au Pin, ce week-end, tiennent la corde pour former une équipe nationale attrayante et compétitive.

« C’est de bonne guerre ! Avant toute échéance, et quel que soit la discipline, tout un chacun s’improvise sélectionneur. A sa petite idée sur ce qu’il faudrait ou non faire. Ce jeu n’est pas pour me déplaire. Au contraire, c’est la preuve que l’on porte beaucoup d’attention à la discipline. » Soit, mais nous n’avons pas tout faux ? « On comparera nos choix très vite, mais c’est un avis comme un autre qui peut se défendre. »

On réattaque, après cette demi-volte du sélectionneur. Arnaud Boiteau (Expo du Moulin), auteur d’une saison surprenante et intéressante, comme Pascal Leroy (Glenburny du Léou) ne sont-ils pas les outsiders tout désignés pour les deux places en individuel ?

« Peut-être ! Mais, vous allez un peu trop vite en besogne. Ce sont de bons challengers, mais il devront, comme tous, réussir l’examen probatoire du Pin. »

Ceci dit, on le devine entre les mots, ce serait le vœu le plus cher de l’entraîneur national : pouvoir ainsi composer la meilleur alchimie possible alliant l’expérience à la fougue de jeunes loups. La meilleure manière aussi, pour Laurent Bousquet, d’apposer en fait sa patte. On remet donc la balle au centre avec cette question insidieuse. Le Pin, une chance également offerte à Jean Teulère (Matelot du Grand Val) et Didier Dhennin (Ismène du Temple), laquelle a tout de même débuté la saison un peu tard ?

« Exact encore ! Pour Ismène, selon son vétérinaire, tous les feux sont au vert. Dès lors, elle reste sur la même ligne que les autres. Et… » Et ? « Dès lundi, tous les cavaliers et chevaux sélectionnés seront en stage, pour quelques jours à Saumur. Là, les chevaux subiront un check-up complet, initié par le vétérinaire national, et un contrôle antidopage. Rien ne sera laissé au hasard avant Deauville (stage de préparation à ces Mondiaux), l’envol vers les USA. »

Les Jeux Mondiaux où vous risquez d’emmener dans vos bagages Thierry Touzaint, l’entraîneur de Nicolas que l’on vous voit mal ne pas retenir.

« Et alors ! Dans d’autres disciplines, bien des athlètes comptent à leurs côtés des entraîneurs privés. » Mais c’est tout de même votre prédécesseur ? « Cela ne me pose aucun problème. Il s’agira, au départ, de bien fixer les règles, les domaines d’interventions de l’un et de l’autre. Il ne s’agit d’éviter que sa présence perturbe la vie du groupe. Enfin, je resterai, en dernier ressort, le seul coach de l’équipe de France, celui qui décide. »

Justement vous sentez-vous sélectionneur ou entraîneur ?

« Les deux à la fois. Je choisis les cavaliers appelés en équipe de France, mais au niveau technique, sur les trois disciplines, je suis à leurs côtés pour leur apporter mon expérience et mes conseils. »

A ce sujet, pour le saut d’obstacles, Jacques Friant vous assistera-t-il, à Deauville, pour une piqûre de rappel. « Non ! ».

Allez, on vous libère ! Vous partez à Lexington sans pression, serein, conscient que l’on vous attend un peu au virage ?

« La pression, je l’ai déjà connue avec les précédentes sélections que j’ai eu l’honneur de conduire. Elle est latente, mais je n’en reste pas moins serein, conscient d’avoir tout mis en œuvre, avec les moyens actuels, pour tendre vers le meilleur résultat. En sachant pertinemment que la critique sera au rendez-vous en cas d’échec. Ou à l’inverse, on vantera mes mérites. Je ne souhaite qu’une chose qu’en tout état de cause, tout cela ne tombe pas dans la démesure. »

Merci !

Guy FICHET