Le complet : des histoires de famille

Portrait
Cet article a été publié le : 23 juillet 2010 à 7h51
Le complet : des histoires de famille


Toujours avec cette machine merveilleuse qui nous permet de remonter le temps, voici un nouveau texte retrouvé dans les archives du Mondial du Lion. Un texte paru dans le livre « Vingt ans de passion partagée », un livre que nous avons eu le plaisir d’écrire, il y a cinq ans, avec une petite équipe de passionnés. Il n’y a pratiquement pas une virgule à changer.

Jean-Yves Touzaint : « Le bac du cheval »

 Dans la famille Touzaint je voudrais le préparateur. Bonne pioche! Moins célèbre que l’ex-entraîneur national et que le champion olympique, Jean-Yves n’est pas moins passionné par le concours complet que le premier (dont il est le frère), ou que le second (dont il est le père).

Pas moins compétent non plus, même si le palmarès sportif est plus discret malgré plusieurs succès internationaux et sélections tricolores.

Sans renier la compétition, qu’il pratique toujours avec un enthousiasme de junior, Jean-Yves Touzaint s’est spécialisé peu à peu dans la détection des futurs cracks et leur apprentissage du haut niveau sportif. « Mais cela reste quand même une loterie».

Du travail et de la patience

Autant le cavalier ne manque pas d’audace pour choisir, en course, les options les plus rapides, autant le préparateur reste prudent pour présenter un métier difficile où l’expérience et le savoir-faire n’excluent pas tous les risques. « On ne gagne pas à tous les coups ».

En théorie, le travail est simple. « J’achète les jeunes chevaux quand ils ont trois ou quatre ans pour les revendre une fois dressés ». En pratique, les difficultés sont multiples : « C’est pendant cet apprentissage que l’on découvre le mental du cheval ».

Les qualités de l’origine, de l’allure et des premiers résultats, respectées lors de l’achat, ne garantissent pas le talent du cheval pour cette discipline très exigeante. Même si Jean-Yves Touzaint peut se vanter d’avoir découvert de très grands champions comme « Hidalgo », « Galan », « Joker »… il connaît mieux que personne les caprices de la nature. En élevage, bon sang sait parfois mentir et même, lorsque l’héritage génétique est au rendez-vous, le pari n’est pas forcément gagné d’avance. « Il faut beaucoup de travail et de patience ». Tout l’art du préparateur se trouve dans cet équilibre fragile. « La préparation ne doit surtout pas effrayer le cheval avec des exercices trop difficiles ».

Partisan d’une pédagogie progressive, Jean-Yves Touzaint fait sien l’adage du voyageur qui, pour aller loin, ménage sa monture. « Il faut pousser le cheval, mais pas trop, pour que le saut devienne naturel, presque un jeu ». Si le cheval ne manifeste pas une grande franchise lors de ce dressage, alternant les séances quotidiennes à Saint-Clément-de la Place et des entraînements bi-hebdomadaires à Saumur, il sera orienté vers une autre discipline.

Un passage obligé

Son aisance à sauter dans un trou ou dans l’eau sera déterminante. La rigueur de cette sélection explique pourquoi la qualification au concours du Lion-d’Angers constitue, déjà, une belle réussite. «Le Mondial ? C’est en quelque sorte le bac du jeune cheval qui a déjà prouvé son aptitude sur le circuit national dont la finale est à Pompadour ». Un bon résultat et le haut niveau lui est accessible. « Ce n’est pas un hasard si, au fil des ans, il y a de plus en plus d’acheteurs étrangers à venir faire leur marché à l’Isle-Briand. Notre élevage trouve au Lion une magnifique vitrine ».

Les enjeux économiques progressent au même rythme que les résultats sportifs qui continuent à faire rêver Jean-Yves Touzaint. « J’ai terminé une fois second, une fois troisième mais je n’ai jamais gagné le Mondial». En revanche, le cavalier y a pris conscience de son talent de formateur en participant à l’épreuve avec des jeunes chevaux à une époque où les « vieux » étaient encore admis, une époque où le petit Nicolas jouait encore aux billes. Les exploits de « Pin up de la Loge »« Nador du Rozel » l’ont convaincu de persévérer dans cette voie. C’est comme cela que la détection est devenue son « dada ».

 Michel LE MOUEL avec Guy FICHET