Obstacles de cross : le gué, par Bruno Bouvier

Sport
Cet article a été publié le : 20 juin 2011 à 8h28
Obstacles de cross : le gué, par Bruno Bouvier

Clayton Fredericks et Bendigo à Saumur en 2012- photo Pierre Barki


Aujourd’hui, la saga continue avec un obstacle propre au Concours Complet : le gué.

Bruno Bouvier, cavalier d’expérience qui a couru plusieurs fois les plus grands concours de la planète, nous parle avec plaisir de cet obstacle qui fut pendant longtemps le « juge de paix » des parcours de cross.

 

« L’expression  »juge de paix » s’utilisait à l’époque dans un sens beaucoup plus fort qu’aujourd’hui, pour désigner l’obstacle où tout le monde tombait! Je suis moi-même tombé assez souvent dans les gués! Avant, il s’agissait bien souvent d’une rivière d’1m de profondeur ! Aux Jeux de Mexico par exemple, un orage a éclaté peu de temps après le début de l’épreuve et le niveau de l’eau est monté d’un coup, à tel point que Jean Sarrasin (le maître de Michel Robert) a été emporté par les eaux à deux reprises! Et dans les épreuves de formation, il était très rare de rentrer par une pente douce. Directement les chevaux devaient sauter dans l’eau, ce qui représentait toujours une source potentielle de chute.

 

Le gué a considérablement évolué en une dizaine d’années. Maintenant, il y a une côte minimum et maximum de profondeur, une côte pour la hauteur du contre-bas d’entrée et il y a beaucoup plus de progression selon les niveaux. Les abords sont plus stables, les obstacles plus appelés, décorés, mis en valeur… Bref, le gué d’aujourd’hui donne envie de sauter dedans! Et on peut signaler aussi que les gués sont plus grands qu’avant, offrant plus de possibilités pour mettre une combinaison. D’ailleurs, le fait de mettre un directionnel en plein milieu de l’eau est apparu très tardivement.

 

C’est un obstacle qui demande beaucoup d’éducation. Il faut que le futur cheval de Complet s’habitue à l’eau sous toutes ses formes : flaques, cours d’eau, étang, etc. Personnellement, j’emmène tous mes chevaux chaque été passer un mois au bord de la mer en Bretagne. Au début, même la plus petite vague fait peur au plus courageux des chevaux! Mais si on l’emmène tous les jours, au bout d’une semaine n’importe quel cheval aime l’eau. C’est une histoire d’éducation.

 

Bien sûr au début, il ne faut pas mettre d’obstacle à proximité du gué. Le cheval doit d’abord être capable d’évoluer dans l’eau aux trois allures en toute sérénité. Une fois qu’un vrai climat de confiance s’est instauré, que le cheval se sent bien dans l’eau, on peut placer un obstacle plusieurs foulées après le gué, puis plusieurs foulées avant. Progressivement, on va rapprocher les obstacles de l’eau, jusqu’à ce que le cheval soit prêt à sauter directement dans l’eau.

 

Petit conseil pour franchir un gué avec un cheval qui n’en a jamais vu : il ne faut surtout pas se durcir en l’armant comme s’il allait sauter une montagne. La meilleure chose à faire est de le suivre dans son comportement, c’est-à-dire le laisser regarder mais en le gardant motiver. Il faut que le cheval puisse voir et comprendre ce qu’il s’apprête à faire, sinon, peut-être qu’il va rentrer sous l’effet de la surprise, mais on aura toutes les peines du monde à le faire entrer une autre fois. La confiance est le maître mot de l’apprentissage, il ne faut jamais l’oublier. »

 

Photo de Clayton Fredericks par Les Garennes