Les 9 secrets de Tim et Jonelle Price pour un bon cross

Pédagogie International
Cet article a été publié le : 17 février 2023 à 16h00
Les 9 secrets de Tim et Jonelle Price pour un bon cross

Jonelle PRICE et MCCLAREN - Le Grand Complet, CCI4*-NC- S - Photo P. Barki


Les numéros 1 et 2 mondiaux, Tim et Jonelle Price, font partie des meilleurs cavaliers de Cross de la discipline. Lors d’un webinaire organisé par la Lucinda Green XC Academy, ils partagent quelques uns de leurs secrets…

  • Un cheval encadré par les aides et en équilibre : une notion clef

« Être capable, à tout moment, d’avoir un cheval en équilibre, entre ses deux jambes et dans son couloir de rênes est impératif, » commence Jonelle. « C’est à ce moment là qu’on parvient à accéder à toutes les gammes du levier de vitesse d’une allure. »

« Afin de monter son cross plus souplement, il faut être capable de répartir ses demandes sur le plus de foulées, afin de maintenir son rythme et être plus efficace. »

  • Ne pas sur-entraîner

Jonelle poursuit en disant que cela repose principalement sur « le travail quotidien sur le plat » et que les Price ne croient pas au sur-entraînement sur le cross. « On voit beaucoup de Derby Eventing en carrière au Royaume-Uni. Cela a des avantages, mais ça ne fait pas vraiment partie de notre système d’entraînement. »

« Nous ne visons pas de race particulière quand nous sommes à la recherche d’un cheval, mais il doit déjà être athlétique. Il lui faut une jambe à chaque coin, et un équilibre naturel. Peut-être que cela aide notre entraînement de cross un tant-soit-peu minimaliste.

  • Rendez les choses amusantes, utilisez le terrain et contrôlez la direction

Dans le champs qu’utilisent les Price pour s’entraîner, il y a ça et là des obstacles de cross – s’ils s’y entraînent, c’est en grande partie pour que les chevaux commencent à se rendre compte que c’est amusant.

« Ce sont des animaux qui adorent courir et sauter – nous allons là-bas pour rendre les choses amusantes pour eux, » dit Tim Price. « Il faut savoir utiliser le terrain pour poser des questions aux chevaux – montées, descentes, trous… Ils se disent alors que ce sont les choses les plus effrayantes au monde et puis, quelques minutes plus tard, ils peuvent passer au-dessus. »

« Il faut aussi qu’ils soient en confiance lors des changements de surfaces, alors nous nous appliquons à en faire beaucoup dans plein d’endroits différents. » Il est important, précise Tim, que le cheval lors de ces séances aille où le cavalier le souhaite. « Les chevaux ne peuvent pas monter à toute allure la montée vers la maison parce qu’ils en ont décidé ainsi. Il faut savoir jouer avec cela pour pouvoir garder le contrôle de la direction. »

  • Les petits problèmes tôt dans la carrière d’un cheval n’ont pas d’incidence

« On ne sort pas pour gagner une Amateur 3 ou 2, nous sortons les chevaux pour qu’ils apprennent leur métier. S’ils ont une hésitation, ce n’est pas dramatique, » dit Jonelle.

« Ce n’est qu’au niveau supérieur qu’on fait face à des profils plus directionnels, ou un contrat de foulées sur des obstacles qui demandent de la précision. Si je rencontre un problème sur une combinaison, je vais faire mes devoirs – en expliquant aux propriétaires que ça n’est pas un problème, puis en rentrant et en éduquant le cheval. Parfois, certains chevaux ne rencontrent des difficultés qu’au niveau Pro 1.

« On peut régler le problème de différentes manières : répéter la difficulté plusieurs fois en encadrant l’obstacle jusqu’à ce qu’ils comprennent, ou bien il faut parfois recréer le problème à la maison et leur montrer comment l’appréhender. Tout cela revient au fait qu’il est important d’avoir son cheval entre ses jambes et ses rênes, comme l’a dit Jonelle. Si un cheval parvient à sortir de ce couloir, il faut alors comprendre comment et pourquoi. »

  • Pas besoin de vitesse lorsqu’on s’entraîne

« J’aime bien passer quelques contre-bas, contre-hauts et trous au pas, ou au trot, » continue Jonelle. « Les chevaux savent qu’ils doivent rester devant mes jambes et passer de l’autre côté, et pas seulement parce que je me sers de la vitesse pour y parvenir. Avec les jeunes, peu importe s’ils hésitent et mettent les pieds dans un petit trou si c’est pour apprendre où se trouvent leurs jambes et comment s’en servir. Si on passe avec de la vitesse, ils ne se rendent pas vraiment compte de comment ils se sont employés à le faire. »

  • Les chevaux doivent trouver leur souffle

« 80% de notre entraînement se fait sur une ligne droite, au galop dans l’herbe, » dit Tim. « On les échauffes bien, peut-être vingt-cinq minutes de trot ? Et puis on les laisse galoper lorsqu’on arrive à la piste – ce n’est pas un galop rond et en ordre. Nous savons où ils commencent à peiner, et ils leur faut alors trouver un second souffle pour monter la dernière pente. La préparation est, selon nous, fondamentale quant à la santé des chevaux. »

  • Il ne faut pas toujours commencer vite quand on monte un cross

Peu importe le niveau, Tim emploie une stratégie lorsqu’il monte un cross : celle d’augmenter progressivement la vitesse. « Je commence à un rythme relativement calme, que j’augmente progressivement pour rentrer plus vite, » dit-il. « En progressant en niveau, on peut répéter cela mais en allant un peu plus vite, évidemment. »

Ce à quoi Jonelle ajoute que « l’élément clef, c’est le rythme – aller vite ne se rapporte pas à celui qui galope le plus rapidement, mais plutôt à celui qui peut commencer et terminer son parcours de la manière la plus efficace, avec le moins de gestes parasites sur le rythme du cheval. Quand Tim parle de prendre de la vitesse, c’est toujours en rapport avec ce rythme. »

« J’encourage les cavaliers à petit niveau à s’entraîner à aborder un obstacle dans un rythme bien précis, lent au début puis lorsqu’on arrive à s’y accorder à chaque fois, augmenter la vitesse petit à petit. Il faut que la priorité soit le rythme et non pas la vitesse.

« Il y a trop de cavaliers, jeunes ou inexpérimentés, qui se réceptionnent après un obstacle et qui lancent leurs chevaux à pleine vitesse avant de se rendre compte à 100m de l’obstacle suivant qu’il leur faut désormais rentrer en conflit avec leur cheval pour qu’il revienne et s’équilibre. »

  • Pas de fixation quant à voir ses foulées

« J’ai un bon oeil assez naturellement, mais plus tôt dans ma carrière, il est arrivé de trop nombreuses fois que je ne vois pas une foulée et que j’obsède à ce propos et soit frustré, » admet Tim. « Et puis en progressant, toutes les facettes importantes quant à un cross viennent s’ajouter au jeu, et l’importance de la distance parfaite s’amoindrit… ce qui, à son tour, créé de meilleures distances.

Désormais, une distance pour moi est plus de l’ordre d’une observation que d’une véritable chose à prendre en compte. La distance vient – celle-ci d’un peu près, l’autre d’un peu plus loin – mais le cheval s’en rend compte. Si c’est un obstacle vraiment technique, alors oui, il faut préparer et s’assurer de plusieurs choses. Mais dans sur l’ensemble du parcours, en moyenne… c’est une observation s’il y a l’équilibre et le rythme. »

Jonelle, quant à elle, affirme qu’elle ne se met jamais la pression pour voir une distance au début.

« Je trouve ça plus simple de monter un cross sur un format long, de 10 à 12mn, plutôt que de six minutes sur un format court. S’il me manque cinq secondes à la première minute, je ne panique pas. Vers le milieu de mon cross, j’essaie d’être efficace et ne pas perdre de temps, et à la fin, j’essaie juste de rentrer. Je sais qu’en première partie, je peux avoir quelques distances un peu longues, j’en suis consciente mais je ne panique pas. »

« La foulée vient mieux quand on est dans le bon rythme. Les gens qui viennent prendre une leçon et qui essaient désespérément de voir une foulée s’en voient distraits et ça devient négatif. Quand on se concentre sur le rythme, il devient notre ami. »

  • Cocher les cases, une à une

Si Jonelle et Tim admettent tous deux être naturellement calme et peu affectés par le stress, Jonelle partage un outil qu’elle a trouvé utile lorsqu’elle monte ses cross :

« Je vois le cross comme un exercice où il faut cocher des cases : quand je monte mon parcours, je coche une case – ‘Cette case était un peu difficile’ et hop, je m’en vais à la suivante. Cela simplifie l’objectif et retire certaines complications. »

Traduction de l’article ‘Nine Secrets of successful cross-country from Tim and Jonelle Price’ – Horse & Hound