Lettre ouverte à Serge Cornut : « lettre ouverte aux amnésiques qui se reconnaîtront »

Sport
Cet article a été publié le : 22 mars 2010 à 19h06
Lettre ouverte à Serge Cornut : « lettre ouverte aux amnésiques qui se reconnaîtront »


 

Lorsque j’ai accepté, à la demande de Thierry Touzaint et d’Olivier Le Page en 1990, de participer à la préparation de nos cavaliers de complet, ceux-ci se souciaient de l’épreuve de dressage sans pour autant y attacher une importance capitale. Les points glanés dans les épreuves de cross, routier, CSO, compensaient largement la note obtenue sur le rectangle… Le changement de règlement mettant fin au routier a modifié la donne – et nos cavaliers ont dû très vite revoir leur stratégie.

Pendant 10 ans, à voir les résultats des équipes de France, et à entendre les commentaires des responsables du haut niveau, nous avons fait « du bon boulot ». Une gageure, puisqu’il a fallu inculquer une vraie culture du dressage pur à des sportifs pour qui le travail sur le plat relève de l’incontournable… Quand je suis entré dans la danse avec Jean-Pierre Blanco il a fallu inculquer des notions telles que le rassembler, les changements de pied, etc. Vaste programme, que nous avons suivi pas à pas, sans ménager notre temps. Les cavaliers de complet ne me tiendront pas rigueur d’écrire que sans nous, la France n’aurait pas remporté autant de médailles, de victoires, de bonheurs.

Le changement d’entraîneur après la contre-performance des Europe a déjà fait couler beaucoup d’encre, j’en suis la victime collatérale. Je ne trouve rien de scandaleux au fait de mettre fin à une collaboration de dix ans, mais je trouve navrante la manière dont le changement s’est produit. Laurent Bousquet, seul, a eu la politesse de venir me voir pour m’expliquer les raisons de cette évolution. Raisons plus que respectables – qui me laissent, de plus, le temps de faire tout ce que j’avais refusé pour cause de services à rendre à la France.

Mais silence radio du côté des instances dirigeantes de la FFE. Et je m’interroge sur les méfaits de la perte de mémoire, puisque aussi bien, j’ai été « saqué » sans un mot, sans un coup de fil. Mettre ainsi fin à une collaboration de dix ans – non que je me soucie des remerciements, mais au nom du respect humain et du service rendu– n’est pas un signe de bonne santé mentale. Un clou ne chasse pas l’autre, tous les philosophes vous le diront, qui savent que sans mémoire, il n’y a pas d’avenir ; le passé et le futur sont indissociablement liés chez ceux qui souhaitent un présent cohérent. Ce n’est manifestement pas la conception de ceux qui nous gouvernent. Souhaitons que leur grave maladie, l’amnésie, ne soit pas contagieuse et ne nuise pas au complet en particulier – et au haut niveau en général.

Serge Cornut