Pas de droit à l’oubli : Geoffroy Soullez

Sport
Cet article a été publié le : 12 mai 2010 à 8h23
Pas de droit à l’oubli : Geoffroy Soullez


Tout le monde a gardé le souvenir de la terrible chute de Geoffroy Soullez aux championnats d’Europe de Fontainebleau. Le cavalier de Jardy  l’oublie un peu plus chaque jour. Depuis février où il a pu enfin remettre pied à l’étrier. Grandi en parlant vrai. Entretien.

Les Euros, c’était un peu l’apothéose pour vous ?

Cette sélection était une belle surprise, un honneur. Tout au long de la préparation à Saint-Martin de Bréhal (près de Granville, dans la Manche), j’étais comme sur un petit nuage. Bizut, on m’a tout de suite accepté dans le groupe. J’ai vécu une expérience extraordinaire en côtoyant des cavaliers de renom, un peu mes idoles.

Désolé de vous imposer ce come-back, et c’est la chute. Juste avant le gué du cross de ces Euros. Tout près de l’arrivée.

Effectivement ! Mais, je ne m’en suis jamais caché, dès le départ du tour, j’ai été un peu dépassé par Madiran du Liot , mon cheval. Je n’ai pas réussi à le gérer correctement, sans doute par manque d’expérience. Enfin la grosse faute technique, qui m’est imputable juste avant ce gué, ne pardonne pas à ce niveau.

Et au final, une grave blessure ? De long mois d’inactivité ?

Une fracture de deux vertèbres au niveau dorsal et cinq mois d’arrêt. Alité jusqu’en décembre, et en  rééducation jusqu’en janvier. Délivrance en février où j’ai pu reprendre mes activités, remettre pied à l’étrier.

« J’ai craint parfois d’être inutile »

Vous n’avez jamais imaginé remiser votre selle et vos bottes aux clous ?

J’ai traversé des moments difficiles, j’ai crains  parfois d’être inutile…Mais, les gens autour de moi m’ont beaucoup aidé et soutenu, encouragé. Sincèrement, au fil du temps, je n’ai pas trop mal vécu la chose. A mes yeux, au risque de vous surprendre, il ne s’agit que d’une chute, même si j’ai conscience qu’elle pouvait induire de graves conséquences. Des chutes qui sont un peu inhérentes à notre discipline.

Et voilà, c’est reparti de plus belle ?

Je suis de nouveau au centre de la carrière avec mon costume d’instructeur au centre de Jardy. Enfin j’ai retrouvé la bonne odeur des terrains de concours. Il y a deux semaines, toujours à Jardy, sur  la Pro 2 et des épreuves de  jeunes chevaux. Cela ne c’est pas trop mal passé.

Sans aucune appréhension ?

Non, de manière très naturelle. Il me reste à définir un programme de reprise progressive, sans brûler les obstacles car, pour l’heure,  je ne possède pas trop de chevaux d’expérience. Quant à Madiran, il avait été arrêté un mois après les Euros, suite sa blessure consécutive à ma chute.

« J’ai pris le problème à l’envers »

En fait vous reprenez ensemble vous gammes ?

Exact ! Nous sommes en reprise de travail. Notre espoir commun est de pouvoir ressortir mi-juillet.

Avec une ambition et une foi décuplées ?

J’ai goûté au haut niveau, à toute cette bonne et saine ambiance qu’il génère. Je n’ai pas l’intention de m’arrêter en si bon chemin. Madiran a le potentiel pour me faire encore rêver. A moi de devenir son égal.  A Fontainebleau, avec cette chute, j’ai beaucoup plus appris,  qu’en terminant sur un sans faute.

Geoffroy Soullez serait-il devenu un nouveau cavalier ?

Il a changé de mentalité. Je monte un peu plus avec ma tête, en endiguant un peu mieux la fièvre et la fougue de la  jeunesse ou du débutant à Fontainebleau, dans l’effervescence du moment, en entendant mon prénom scandé tout au long du parcours de cross, j’ai sans doute un peu perdu de ma réflexion, un soupçon de maturité. J’ai voulu jouer la gagne. J’ai eu cette mauvaise intuition que ces championnats d’Europe étaient comme une finalité, non comme un tremplin. De l’expérience j’en ai pris, mais j’aurais préféré le faire de manière moins drastique. Quoi qu’il en soit, vous pouvez me croire, j’ai grandi.

Recueilli par Guy FICHET avec le concours de Patricia CAPELLE.