Portrait d’artiste : Christian Aschard

Portrait
Cet article a été publié le : 10 décembre 2012 à 14h54
Portrait d’artiste : Christian Aschard


Christian Aschard aime relever des défis et il l’a prouvé encore dernièrement en construisant une banquette grandeur nature une semaine seulement avant le cross indoor de Saumur ! Le cadeau qu’il nous a fait est immense et méritait incontestablement un article sur France Complet !

Au total combien d’obstacles avez-vous construit dans votre carrière ?

« Je n’en ai aucune idée ! (rires) Chaque année, je construis entre 50 et 80 nouveaux obstacles, qui sont soit destinés à mon parc locatif (de plus en plus demandés par les organisateurs), soit à être vendus (environ 30%). Il y a aussi les obstacles fixes que je construis sur place car ils sont trop volumineux pour être déplacés. Mais la tendance va plutôt aux obstacles portables car les chefs de piste préfèrent pouvoir les ajuster, par exemple pour des combinaisons. Actuellement, j’ai 120 obstacles dans l’atelier, prêts à servir pour la saison prochaine (du niveau 1 à 4 étoiles). J’en construirai une trentaine de plus durant l’hiver. Pour répondre à votre question, je pense donc avoir construit plus d’un millier d’obstacles depuis le début de ma carrière de constructeur en 1991 !

150 obstacles ! Il en faut de l’espace pour stocker tout ça…

« Oui en fait j’ai deux bâtiments à disposition : un atelier de fabrication de 400m², ce qui n’est pas énorme par rapport à un atelier de menuisier classique. J’ai seulement 3 ou 4 machines très spécifiques pour la construction, ce qui est relativement pour un menuisier. Et après, j’ai un hangar de 1 600m² pour le stockage. »

Quels sont vos projets pour l’an prochain ? De nouveaux concours en perspective ?

« Oui l’Italie et les Pays-Bas m’ont contacté pour de nouveaux concours. Je travaille déjà pour Breda en Hollande mais là il s’agirait d’un autre concours. Je fournis aussi un peu de matériau pour Malmö qui organisera les Championnats d’Europe. Et surtout, il y aura les JEM de 2014. J’ai rendu fin novembre le dossier pour répondre à l’appel d’offre des organisateurs. Même si c’est dans plus d’un an, ça se dessine très rapidement puisqu’il y aura l’épreuve test en milieu d’année prochaine. »

Comment viennent vos idées pour construire de nouveaux obstacles ?

« J’ai des idées qui s’accumulent tout au long de l’année. Quand je me promène dans la nature, je suis parfois interpellé par un animal ou une forme insolite. Je fais alors un petit croquis pour m’en rappeler. Mais la plupart du temps, la création doit répondre avant tout aux exigences du chef de piste et des organisateurs. Par exemple, certains obstacles qui mettent à l’honneur un partenaire doivent essayer d’être en lien avec l’activité du sponsor. Ce n’est pas toujours facile à respecter, mais on fait au mieux. Et parfois, le chef de piste a certaines idées, qui sont très jolies sur le papier mais impossible à réaliser. Je travaille donc vraiment en étroite collaboration avec le chef de piste. »

Combien de temps vous prend la construction en tant que tel ?

« Cela dépend vraiment du type d’obstacle, ça peut aller de 4h à trois jours ! La structure est souvent assez rapide à faire, il faut une grosse charpente. Le plus long, ce sont les finitions, avec parfois des peintures spécifiques… »

Quel type d’obstacle préférez-vous fabriquer ?

« Je préfère en général travailler le naturel. Un beau tronc bien verni, une pointe en rondins… j’adore ça ! Et je crois que les chevaux préfèrent aussi. »

Vous ne fabriquez par seulement pour le CCE, mais aussi pour l’attelage et les courses. Est-ce vraiment différent ?

« Effectivement, je fais un peu de construction pour les courses (à Saumur et à Vittel essentiellement), et pour l’attelage. J’ai par exemple travaillé sur le Championnat du Monde 2 chevaux à Jardy en 2003. L’an prochain, je ferai le Championnat du Monde poney à Pau pendant l’événement Les Couleurs d’Automne. Dans la conception, l’attelage est complètement différent car ce ne sont que des poteaux. Toute la difficulté réside au niveau de l’esthétisme, afin que le parcours ne ressemble pas à une forêt de poteaux ! A Aix-la-Chapelle, ils ont vraiment réussi à faire un parcours magnifique, et je vais relever le défi pour Pau l’année prochaine ! »

Avez-vous quelqu’un pour vous aider dans votre travail ?

« Non, je travaille seul, non seulement sur la construction, mais aussi sur la comptabilité, les devis, les commandes… Il n’y a que les livraisons que je sous-traite parfois. Et sur les très gros concours, je suis parfois assister par des stagiaires, des assistants chefs de piste… »

Pensez-vous déjà à la relève ?

« Hé oui, j’y pense, mais ce n’est pas facile à trouver ! En effet, il faut déjà avoir la motivation nécessaire car il s’agit d’un métier passion, où l’on travaille sans compter ses heures ! Et puis, il faut une double compétence : savoir à la fois travailler le bois, mais connaître aussi les spécificités de l’équitation pour comprendre le discours du chef de piste et des organisateurs. Peut-être que mon fils reprendra le flambeau dans les années à venir. Il a déjà une formation dans le métier du bois, mais je ne veux pas le forcer, donc il faut que ce choix vienne de lui. »

Avez-vous des passe-temps ?

« Oui, sur le peu de temps libre qu’il me reste, je fais du quad et du ski ! Je pratique le quad en compétition, surtout sur des courses d’endurance, de rallye… En saison, j’essaye de faire au moins une épreuve par mois. Et l’hiver, je vais en Afrique du Nord là où il fait chaud, car j’adore rouler dans le désert ! Mais je n’ai jamais fait le Dakar, car c’est une épreuve trop risquée. Je reste quand même prudent pour ne pas mettre mon activité professionnelle en péril. »

Propos recueillis par Hedwige Favre – Photo principale : crédit Les Garennes