Portrait de cavalier : Benoît Parent

Portrait
Cet article a été publié le : 04 février 2013 à 16h42
Portrait de cavalier : Benoît Parent


Nous ne parlons pas souvent de Benoît Parent sur France Complet, et pourtant lui aussi a couru Badminton ! Mais en ce moment, il forme tellement bien les jeunes chevaux qu’il a du mal à les garder suffisamment longtemps pour retourner au plus haut niveau. Dernièrement, ce sont Tequila Biboulet, classé dans la finale des 5 ans cette année, Sydney Champeix, 6ème du CIC* du Pouget, et deux autres jeunes qui ont été vendus. Il nous fait part de son organisation et de ses ambitions…
Aujourd’hui, votre objectif est-il de revenir à Haut niveau ?
« Oui, complètement ! J’aime beaucoup les jeunes chevaux, mais à la base, l’intérêt quand on forme des jeunes est d’avoir des chevaux qu’on connaît parfaitement pour courir les plus belles épreuves. Quand j’achète ou fais acheter des jeunes, je choisis de préférence des bons chevaux, avec du potentiel. C’est assez frustrant du coup de les voir partir à 5 ou 6 ans, même si ça permet de faire une bonne opération financière sur le moment. J’ai aussi une politique : je ne prends pas de chevaux ‘’tout frais, tout gain’’ (à part les miens évidemment). Si on veut arriver à se professionnaliser, j’estime qu’on ne doit pas céder à la facilité de se voir confier des chevaux à nos frais. Ce système fonctionne bien avec les jeunes chevaux car j’ai plusieurs clients, éleveurs ou particuliers, qui me font confiance, mais c’est évidemment plus difficile d’avoir des vieux chevaux au travail pour de la valorisation longue durée. Et après c’est un cercle vicieux : moins on est vu sur les grosses épreuves, moins on pense à vous confier des chevaux. »
Est-ce que le fait d’être installé dans le Sud-est (dans les Bouches du Rhône) vous pénalise ?
« C’est une question qu’on me pose souvent ! Au niveau économique, je ne trouve pas car il y a de la demande, autant pour la valorisation des chevaux que pour l’enseignement. Evidemment, je dois faire plus de kilomètres pour aller en concours : Pompadour est à 6h de route, Jardy à 7h, Tartas à 8h…  Mais nous avons d’autres avantages : l’hiver est beaucoup moins dur qu’ailleurs, les terrains coûtaient moins chers quand nous nous sommes installés… »

Combien avez-vous de chevaux au travail pour la saison à venir ?
« Cette année, j’en aurai beaucoup moins que l’an dernier car ma femme a accouché de jumeaux cet hiver ! J’ai donc souhaité consacrer plus de temps à ma famille et je n’ai pris que 6 chevaux au travail. Je monterai un 4 ans, Voyou d’Aubrie, appartenant à Annette Salesse, Ballymock FC, qui appartient à mon père, mon cheval Feautibull et la jument de ma femme, Debby (cf photos). Pour l’anecdote, j’en ai aussi récupéré un qui s’appelle Cheval ! C’est un KWPN de 6 ans appartenant à Mlle Sophie Frezet, qui a débuté en cylce libre l’an dernier. Même s’il faut appeler un chat un chat, je peux vous dire que c’est assez perturbant d’appeler un cheval « Cheval » ! »

Que sont devenus Milcane et Aisha de Laubry, vos deux anciens chevaux de tête ?
« Milcane est à la retraite chez un de mes élèves. Nous l’avions arrêté tôt, vers 14 ans, il a encore de belles années devant lui! Quant à Aisha, sa carrière était très prometteuse, mais le CCI*** de Saumur lui fut fatal. Après une période d’arrêt, elle avait repris un peu la compétition avec ma femme en amateur. Elle a gagné un Complet à Rodez puis a claqué à nouveau, alors nous avons décidé de l’arrêter complètement. Elle est partie à la reproduction l’an dernier chez Aurélien Kahn et elle a eu un produit de Yarlands Summersong. J’avais cru trouver en Sydney Champeix la relève de ces deux chevaux, mais je n’ai pas réussi à trouver le financement pour le garder. Je comprends évidemment que son éleveuse ait voulu le vendre, les éleveurs ont leurs propres réalités économiques à prendre en considération. »
Quelle est votre plus grande satisfaction professionnelle ?
« Quand j’étais au Haras de Hus, c’est moi qui ai débuté pendant 3 ans Princesse Pilot. Je disais à l’époque que c’était une très bonne jument, et j’étais donc très heureux quand elle a terminé 3ème du CCI*** de Boekelo sous la selle de Nicolas Touzaint ! »
Quel est votre programme de saison ?
« Pour Feautibull, nous avions démarré un peu trop fort l’an dernier. Il l’avait fait sur sa qualité mais il s’était un peu essoufflé en milieu de saison. Je ne veux donc pas lui mettre de pression cette année. L’objectif serait de passer le cap du 2 étoiles mais je lui laisserai prendre le temps. J’ai un 9 ans, Quezac de la Barbais, qui a très peu de métier en Complet (après sa saison de 5 ans, il a fait du CSO en amateur) mais il a beaucoup de qualité et devrait sans problème arriver sur 1 étoile dès cette année. Et avec les jeunes, je ferai bien entendu le circuit classique, sans pousser absolument pour aller à Pompadour. Je ne les sors généralement en concours que lorsqu’ils sont prêts… »
…Prêts pour être classé ?
« …Prêts pour gagner ! Evidemment, un incident est toujours possible, mais je n’aime pas sortir un cheval pour faire de la figuration. Une contre-performance peut vite griller un cheval vis-à-vis des juges, et les propriétaires non plus n’aiment pas les contre-performances dans un palmarès. Si certains ont besoin de sortir pour prendre de l’expérience, je préfère les emmener sur d’autres terrains à l’entraînement. Et puis le circuit est adapté donc s’ils évoluent bien à l’entraînement, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas en concours. »
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Propos recueillis par Hedwige Favre