Quel avenir pour la filière équine française ?

Sport
Cet article a été publié le : 02 octobre 2012 à 14h43
L’Inra et l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) se sont associés pour s’interroger sur les perspectives d’évolution de la filière équine française à l’horizon 2030. Les résultats de cette prospective, présentés le 2 octobre 2012, ont pour objectifs d’aider les différents acteurs de la filière à se préparer aux changements et d’éclairer les politiques publiques et la recherche.
L’équitation connait un engouement croissant. Le nombre de licenciés à la Fédération Française d’Equitation augmente de 5 % par an en moyenne depuis 10 ans, entrainant le développement des centres équestres. Parallèlement, le secteur des courses bénéficie d’une croissance des paris qui ont dépassé les 10 milliards d’euros en 2011.
Plusieurs facteurs apparaissent toutefois moins positifs et rendent l’avenir incertain :

la concurrence internationale sur les marchés du cheval de sport et de loisir, l’ouverture des paris en ligne, l’ampleur du désengagement de l’Etat, etc. Ceci dans un contexte où la filière équine française est d’ores et déjà confrontée à des enjeux majeurs, notamment la pérennisation des emplois, la production de chevaux en adéquation avec la demande, le maintien de la diversité des races et de leur présence dans les différents territoires, le respect du bien-être animal, la pérennité de la contribution du cheval au maintien de l’agriculture et du tissu social et culturel, etc.
Des scénarios d’avenir contrastés
A partir de l’exploration de différentes tendances et ruptures possibles, la prospective a permis de construire 4 scénarios d’avenir contrastés dont les enjeux ont été restitués le 2 octobre 2012 en présence d’acteurs de la filière, de la recherche et de l’action publique. Parmi les questions abordées, une attention particulière a été portée sur les attentes des usagers qui, consolidées par l’offre équestre et hippique, déterminent les futurs usages du cheval.
Deux des scénarios, « Tous à cheval » et « Le cheval des élites », sont fondés sur des évolutions opposées du contexte économique. Dans le scénario « Tous à cheval », le retour du pouvoir d’achat favorise l’accès aux loisirs pour une large part de la population ; dans le scénario « Le cheval des élites », la persistance de la crise en limite l’accès à une fraction plus restreinte de la population. Les deux autres scénarios, « Le cheval citoyen » et « Le cheval compagnon », sont fondés sur des évolutions de la société marquées, dans un cas par la priorité accordée à la qualité de vie et à la solidarité, dans l’autre cas par une évolution forte des préoccupations vis-à-vis du bien-être des animaux.
Ces quatre scénarios aboutissent à des situations très différentes en termes d’effectifs d’équidés, d’emplois et de types d’emplois (voir tableau), mais aussi en termes de nombre et de structures d’entreprises, de répartition régionale des chevaux, d’impacts sur l’environnement, etc.
Tous à cheval
Le cheval des élites
Le cheval citoyen
Le cheval compagnon
Chevaux (effectifs)
➚➚➚
Cheval support de loisir
➘➘➘
Cheval signe de distinction
Cheval vecteur de lien social utile à la collectivité
Relation affective avant tout
Emplois
(effectifs)
➚➚➚ salariés
➚➚➚ travailleurs indépendants
Accueil, pédagogie, animation, et management au cœur des métiers
➘➘ salariés
moniteurs indépendants
Qualifications dans le domaine du luxe
salariés
bénévoles
Compétences multiples à assembler (psychosociologie,
connaissance du cheval et de ses usages)
emplois en enseignement de l’équitation
➘➘ emplois en entraînement de chevaux de course
conseil (élevage, éthologie, soins)
services vétérinaires
Au-delà de ces effets différenciés par scénario, se dégagent des problématiques communes.
La relation entre l’homme et le cheval : un élément central à prendre en compte et mieux connaître
La première question transversale est celle de la relation Homme-Cheval présente dans les quatre scénarios, néanmoins selon des formes différentes selon les façons dont l’homme utilise le cheval et/ou est lié à ce dernier. La prospective souligne la nécessaire amélioration des connaissances en matière de besoins et d’attentes des différents publics qui sont amenés à côtoyer les chevaux, ainsi qu’en termes de comportement des chevaux, notamment dans la relation de proximité qu’ils entretiennent avec l’homme.
La nécessité de poursuivre la professionnalisation des entreprises
Sur les quatre scénarios, trois reposent sur une meilleure adéquation entre la production et les usages, et sur l’amélioration de l’efficacité économique des entreprises. Cela suppose une réduction des coûts de production des chevaux et des services équestres, une caractérisation précoce des aptitudes des chevaux permettant une orientation et une formation adaptées aux usages, et une organisation de filière permettant d’ajuster au mieux l’offre et la demande.
L’importance des enjeux fonciers pour la filière et son intégration dans les territoires
Le panorama des futurs possibles et ses illustrations locales montrent que la pression foncière peut être une limite au développement des activités équestres, cette pression foncière pouvant elle-même être induite par ce développement, notamment en zones périurbaines fortement urbanisées. Néanmoins, quel que soit le scénario, l’appréciation en termes environnementaux est plutôt favorable. Herbivore peu émetteur de gaz à effet de serre, le cheval dispose en effet d’atouts dans la valorisation, l’entretien et la préservation des surfaces en herbe ; il contribue également à la qualité des paysages.

L’érosion de la biodiversité du cheptel équin français
La menace concerne principalement les races de chevaux de trait, aujourd’hui déjà fragilisées. Elle pourrait s’étendre à certaines races d’équidés de selle du fait du développement d’une approche trop exclusivement commerciale qui favoriserait la standardisation pour chaque usage et la perte de cheptels en race pure, ou du fait d’une disparition de petites structures individuelles d’élevage si la professionnalisation prenait excessivement le pas sur l’élevage passion.

La santé et la fin de vie des animaux, des questions toujours d’actualité
Dans tous les scénarios, le vieillissement des chevaux, l’accès à la « retraite » et la gestion de la fin de vie sont des problèmes majeurs qui nécessitent une approche spécifique sur le bien-être et des solutions alternatives à l’abattage ou l’équarrissage.
(Sources communiqué)