Yarlands Summersong : un vrai gagneur

Sport
Cet article a été publié le : 06 avril 2011 à 6h37
Yarlands Summersong : un vrai gagneur


Peut-on parler de Marie-Christine Duroy, sans parler de son incroyable étalon Yarlands Summersong? Ce petit cheval d’1m62, aujourd’hui

âgé de 25 ans, a eu une carrière sportive impressionnante bien qu’assez courte, puisqu’il a arrêté la compétition à l’âge de 13 ans pour se consacrer exclusivement à la reproduction. Sa dernière compétition remonte à 1999, sur une A1 à Saumur… qu’il a gagné évidemment!

L’histoire de ce cheval part du sponsor de Marie-Christine, Brittany Ferries, qui voulait acheter un cheval en Angleterre. Le Dr Duroy, son beau-père, était aussi du voyage car il avait un sens aigu pour repérer les bons chevaux. Il était d’ailleurs souvent sollicité par les Haras pour l’achat de chevaux ou pour faire partie de jury d’élevage. « C’était un grand connaisseur et je lui accordais toute ma confiance. Quand nous sommes arrivés en Angleterre, on ne nous présentait que des mauvais chevaux. Furieux d’être pris pour un idiot, il est allé voir les chevaux directement dans les écuries. Quand il a vu Summersong, il a tout de suite dit : « Celui-là, tu peux le prendre. ». Il n’avait que deux ans et nous a coûté le prix d’une opération de la hanche pour la propriétaire qui en avait besoin, soit à peu près 40 000Fr. »

Étant donné qu’à l’époque les chevaux étrangers ne pouvaient pas courir les Cycles Classiques, Summersong a débuté à 5 ans sur l’équivalent des Pro 1 d’aujourd’hui ! « Il faisait n’importe quoi sur les épreuves trop faciles, donc là ça l’obligeait à se concentrer. De ce fait, il a toujours eu un an d’avance. A 6 ans, il courait le Lion d’Angers dans une épreuve qui à ce moment-là était mixte pour les 6 ans et les 7 ans. »

Il excellait dans les trois tests. En dressage, sa belle sortie d’encolure et sa souplesse compensaient des allures un peu ordinaires. « En général il s’en sortait bien, même si je suis certaine qu’avec un Mark Todd à l’époque ou un Nicolas Touzaint aujourd’hui, il aurait eu de bien meilleure note… » Sur l’hippique, il était souvent sans-faute, voire 4 points exceptionnellement. « C’était une valeur sûre à l’obstacle. Et sur le cross, c’était une ferrari! Par exemple à Badminton, il y avait une combinaison où les bons chevaux faisaient 3 foulées, les mauvais en faisaient 4. Eh bien il y en avait deux qui étaient tout à fait à l’aise en 2 foulées, c’était le grand Murphy Himself et Summersong! »

C’était un cheval au caractère bien trempé, qui voulait toujours être le plus fort. « Pour l’anecdote, aux Jeux Mondiaux à Rome, ils avaient placé au centre de la piste de CSO un cheval en bronze grandeur nature. Quand il rentre en piste (le gaillard avait quand même fait le cross et le steeple la veille!), il voit ça, il m’arrache les rênes comme un mauvais cheval de club et lui fonce dessus pour le dérouiller! » Par contre il n’a jamais été agressif avec les hommes. « Il avait juste une blague, c’est quand mes stagiaires mettaient trop de temps à se mettre en selle, elles se faisaient mordre les fesses systématiquement. Mais bon, ça leur apprenait à monter plus vite! A part ça, il n’a jamais eu une once de méchanceté. »

« Si Summersong avait été un homme, j’en serai tombé amoureuse c’est sûr! Et d’ailleurs, comme avec les hommes, il fallait arriver à lui faire croire que c’était lui qui avait pris la décision… Mais parfois ça ne marchait pas! Ce n’était vraiment pas le genre de cheval qu’on contrôlait de A à Z. Alors il était généreux, coopératif, mais parfois un peu excessif et c’est ce qui m’a valu des bonnes gamelles, mais aussi mes plus beau souvenirs ! », raconte Marie-Christine avec émotion.

Aujourd’hui Summersong, surnommé « Bouboule » par sa cavalière, est toujours travaillé quotidiennement. « C’est le bonheur des stagiaires pour apprendre les épaules en dedans, les changements de pied, les appuyers… Il sait lire et écrire, c’est un maître d’école formidable! Par contre je ne veux plus qu’il saute parce que je ne veux pas qu’il se fasse mal. J’avais sauté avec lui la dernière fois quand il avait 20 ans et ça m’a désolée parce qu’il était devenu dans la norme (très bon mais dans la norme). J’ai des souvenirs de lui en concours où si je tirais un peu sur les rênes, il passait 1m au-dessus! Et là, ce n’était plus 1m mais 20cm, alors je ne voulais pas avoir ces sensations-là sur lui. »

Rappel de son palmarès :

1994 : Médaille d’argent par équipe au championnat du Monde de La Haye
1995 : 8ème du CCI**** de Badminton et médaille d’argent par équipe aux Jeux Mondiaux de Rome et Champion de France
1996 : 4ème par équipe au J.O d’Atlanta et Champion de France
1997 : 3ème par équipe aux Championnats d’Europe de Burghley et Champion de France
1998 : Champion de France
1999 : Champion de France
Outre ses excellentes performances en CCE, il a fait une rapide carrière en CSO sous la selle de Florian ANGOT (4ème de la A1 de Rennes)