Alice Gaillard, figure emblématique du Complet, nous a quittés : « c’était quelqu’un d’hors-norme »

Hommage National
Cet article a été publié le : 09 mars 2023 à 13h13
Alice Gaillard, figure emblématique du Complet, nous a quittés : « c’était quelqu’un d’hors-norme »

Alice Gaillard


Alice Gaillard aura écrit tout un pan de sa vie aux côtés des chevaux de Complet, groom auprès de certains des plus grands noms de notre discipline : Marie-Christine Duroy, Jean Teulère, Bruno Bouvier… « Nous l’avons rencontrée à Dijon, où elle faisait partie de la troupe de Gilbert Lecrivain, » se remémore Jean Teulère. « Elle nous a de suite séduit par sa personnalité, ses compétences et avec quelle énergie et quel humour elle coachait ses petites élèves, qui étaient souvent commissaires aux obstacles ou qui nous dépannaient pour faire des tresses quand nous étions pris au dépourvu ! Je pense qu’elle leur a appris beaucoup, beaucoup de choses quant aux soins aux chevaux, qu’ils soient techniques ou éthiques. C’était des conseils de femme de cheval. Elle avait un vocabulaire à elle, elle appelait ses commissaires en leur disant ‘Allez les p’tits puceaux, les p’tits puceaux’ ! « 

C’est alors qu’elle groome Marie-Christine Duroy que la route d’Alice croise à nouveau celle de Jean. « Nous nous sommes rapprochés de manière complètement imprévue. Nous avons vraiment sympathisé et c’est aux Championnats du Monde de Jerez qu’elle m’a apporté son aide pour la première fois. » Les Jeux Equestres Mondiaux Espagnols de 2002 qui auront sacrés Jean Teulère et Espoir de la Mare d’or individuel et d’argent par équipes, « une réussite assez inattendue puisqu’Espoir a obtenu sa sélection au dernier moment, en remplacement du cheval de Michel Pechayre, Domino de Beg Meil. « 

Alice, bien que groomant le couple pour la première fois, « a été extrêmement efficace. Espoir de la Mare était un cheval qui avait une très grosse personnalité mais Alice en avait une tout aussi grosse ! Espoir, c’était vraiment un voyou. Ce couple explosif a porté ses fruits. Chaque jour de la préparation à Granville, chaque jour du voyage jusqu’en Andalousie… elle était présente et veillait à ce que le délinquant ne déborde pas de trop !  » ajoute Jean en rigolant, ce à quoi il croit bon d’ajouter : « Le délinquant, c’est Espoir, pas moi ! (rires). « 

« Nous avions une équipe sérieuse, qui nous a bien aiguillés pour les détentes. Espoir était un cheval d’une qualité incroyable, il était presque égal et parfait sur les trois épreuves mais il fallait le surveiller de près ! Les départs de la boîte de cross étaient parfois… remuants ! Tout cela était, à mon avis, bien tempéré par l’autorité d’Alice. « 

« Mais Alice, ça n’était pas que les Championnats du Monde,  » sourit Jean. « On se rejoignait en épreuves, et elle nous racontait ses histoires de transport puisqu’elle venait en train. » De ses aventures dans les différentes gares, Jean se souvient d’une en particulier : « Elle avait été délogée des toilettes d’une gare. Elle s’était acheté un réveil, et quand des gendarmes sont passés devant une porte fermée d’où émanait une minuterie suspecte… elle a du vite s’expliquer !  »  Quelques années plus tard, en 2011, Alice remporte le FEI Awards consacré aux grooms.

« C’était quelqu’un d’hors-norme, avec son éternelle blouse blanche qu’elle arborait toute la journée. Nous sommes allés la retrouver à Dijon plusieurs fois, mais sa maladie a finalement gagné la partie. « 

Toutes nos condoléances à sa famille, ses proches, et notamment à sa petite fille, Clémence Cendrier, qui lui rendait hommage hier sur les réseaux-sociaux : « elle a maintenant rejoint Bruno qui lui manquait tellement, ils vont avoir pleins de choses à se raconter. «