Moi X…, heureux de vous recevoir à Dijon

Sport
Cet article a été publié le : 27 mai 2010 à 17h38

Natté comme c’est pas possible, il m’a reçu dans son box, à Dijon, cadre de l’événement équestre du week-end. Sous le couvert de l’anonymat de peur de se faire taper sur les sabots pour m’avoir permis d’entrer aux écuries. Un lieu bien gardé et pratiquement infranchissable sans précieux sésames.Il n’est du genre cheval qui cause si les questions sont mal posées. La raison pour laquelle vous ne connaîtrez pas la teneur des interrogations, mais les réponses sont si nettes et si précises que vous les réinventerez aisément. Restons cool et écoutons.

Question ?

Réponse : « A priori, je ne crains personne. Je cours ici pour une médaille. »

Question ?

« Nos relations sont bonnes, c’est certain. Mais, si amis que nous soyons, il existe quand même un petit sentiment de jalousie entre nous. C’est moi qui fait une grande partie du boulot, n’est-il pas vrai ? A l’heure des honneurs, ce n’est quand même pas moi qui ôte ma casquette – oh ! pardon ma bombe – et si vous saviez le nombre de dames, émues, qui me flanquent la médaille dans l’œil. »

Question ?

« Je n’ai pas à m’en plaindre. D’autant que vous avez semble-t-il l’intention de vouloir démocratiser notre sport. Vous êtes presque les seuls à nous donner la parole. Il serait temps, enfin, que tout le monde sache qu’une heure de cheval ne coûte pas plus cher qu’une heure de tennis. »

Question ?

« Oui, vous avez raison. Une raquette coûte moins cher qu’un cheval. Revenons à nos moutons. Oh ! une nouvelle fois pardon. »

Question ?

« Attendons qu’il fasse ses preuves. Je ne veux pas avoir d’a priori, mais il est dans la lignée de son prédécesseur. »

Question ?

« Il est tout à fait apte à se pencher sur notre cas. Mon pauvre Monsieur, si je vous racontais vraiment note vie. »

Question ?

« Puisque vous y tenez, tant pis pour vous ! C’est vous qui l’aurez voulu. Savez-vous, par exemple, que certains de mes amis étalons ne sont plus sexuellement présentable après certaines épreuves. Que j’en ai vu d’autres ne pas pouvoir contenir leur vessie pendant que résonnait la « Marseillaise ». »

Question ?

« Non, vous faites fausse route. Les fers des chevaux de courses n’excèdent pas 80 – 90 grammes et sont en alu. Les nôtres, si je ne me trompe, sont acier. Savez-vous qu’on peut nous casser en nous ferrant mal ? Ma chaussure, Monsieur, si vous me permettez cette expression, représente à peu près 6O% de notre santé. »

Question ?

« Laissez-moi hennir de plaisir. Votre question est idiote. Ce n’est pas sauter ou galoper qui nous causent tracas, mais les déplacements. On a augmenté le nombre de concours. On passe des heures et des heures en camion, et pour des vedettes comme moi, en avion ou en bateau Et nos vacances d’hiver diminuent comme peau de chagrin. »

Question ?

« Vous êtes vraiment ignare et vous commencez à m’agacer, parce que j’aimerais bien aller voir mes amis dérouler leur reprise de dressage. C’est important pour moi d’emmagasiner des enseignements… pour être ensuite le meilleur. »

Questions ?

« Si vous étiez moins branché sur le football, parliez moins de Domenech ou de cyclisme, vous le sauriez. Vous quittez déjà Dijon, alors que le concours vient à peine de commencer… Le dressage ne vous intéresse pas. C’est à n’y rien comprendre. Ah ! vous avez des impératifs de famille. Alors, allez….dommage car le spectacle s’annonce grandiose. »

Question ?

« Un dernier mot ? Vous n’êtes qu’un âne et ne méritez pas mieux qu’un hi-han de haras de chef lieu de canton. Je garde pour moi mon meilleur hennissement. »

Guy FICHET avec Pierre ROMER qui fut l’un de mes maîtres à Ouest-France