L’écurie Seconde Chance: toute une philosophie

Sport
Cet article a été publié le : 16 février 2012 à 19h06

Longtemps plébiscités par le Complet, ils furent un temps boudés des terrains: les chevaux de course font un grand retour en compétition notamment grâce à des structures comme l’écurie Seconde Chance.

 

Sylvain Martin, fondateur de l’écurie Seconde Chance, revient avec nous sur son concept ou plutôt sa philosophie.

 

Gentleman Rider puis entraineur de chevaux de course, il prend rapidement conscience que beaucoup de chevaux retirés ou réformés des courses voir parfois envoyés tout simplement à la boucherie sont encore en bonne santé et pourraient faire le bonheur d’un cavalier pour le loisir ou la compétition même à haut niveau après une phase de reconversion.

Sylvain Martin décide de redorer le blason des chevaux de course mais il nous précise que sans une excellente sélection et un travail de reconversion particulier un cheval de course ne devient pas un cheval d’équitation « classique » polyvalent et performant.
N’oublions pas que tout comme les Selle Français ou les Anglo-Arabe, les Pur-Sang sont des chevaux brillants sur les terrains de Complet: Moonfleet monté par Andrew Hoy (victoire à Badminton en 2008), Ensign monté par Pippa Funnell (CIC****),  Milcane monté par Benoit Parent (CCI*** de Vittel, Pau, Martinvast… et CCI**** de Badminton) ou encore Philistin monté par Aurélien Kahn (pré-sélectionné pour les JO d’Atlanta).

 

C’est ainsi qu’est venue à Sylvain Martin l’idée de créer un concept unique en France permettant de sauver quelques-uns de ces chevaux de course en leur offrant donc une « seconde chance »: l’écurie Seconde Chance voit le jour début 2009.

 

 

Le site principal est installé dans le Maine et Loire au bord de l’hippodrome de Combrée non loin du centre d’entraînement de Senonnes. L’antenne ouverte en septembre 2011 est située à Courtes au Nord de l’Ain.

Sylvain Martin est épaulé au quotidien par une équipe de 3 personnes pour lui permettre de sillonner la France à la recherche des meilleurs Pur Sang ou AQPS à réformer.

« Une des clés du succès du processus est d’être intégré dans le monde des courses. » Ancien jockey, Sylvain Martin est très ancré dans le milieu et cela lui permet d’enquêter sans langue de bois sur le passé et l’historique de chaque cheval. « Je peux ainsi écarter de ma sélection les chevaux avec une  tendinite, une entorse ou encore les chevaux infiltrés. »

Il voit chaque semaine entre 10 et 40 chevaux. Pour chacun, après une analyse du modèle et des allures, des tests comportementaux (adaptabilité, tempérament…) et cliniques (flexions, dos…) sont réalisés. Les chevaux sélectionnés intègrent ensuite les écuries pour une durée moyenne de 45 jours avant la vente mais cela peut aller jusqu’à 3 ou 4 mois pour un cheval plus « paramétré course ». Concernant les chevaux vendus avec une aptitude CCE, le prix moyen en 2011 était aux alentours de 3 000€. Les chevaux vendus pour le CCE constituent environ 45% du marché de l’Ecurie Seconde Chance. Il s’agit à 70% de Pur Sang et à 30% d’AQPS issus à 40% des courses de plat et 60% des courses d’obstacles.

 

 

Au fur et à mesure de son évolution l’Ecurie Seconde Chance a mis en place un programme de reconversion adapté à chaque cheval qui permet de les déconditionner des courses.

« Pour améliorer le mental des chevaux, l’équipe Seconde Chance agit sur trois axes principaux :
– Le travail (apprendre à aller n’importe où aux trois allures doucement, calmement, sereinement et en place)
– L’alimentation (remplacement de l’avoine excitante par des protéines pour s’arrondir et des fibres pour détendre le cheval et réparer son foie)
– L’environnement (au pré le plus possible avec des tas de sable pour pousser les chevaux à se rouler afin de se décontracter et se déraidir)

 

Le travail est organisé en quatre phases successives :
– Approche « Ethologique » sous forme de travail à pied à la méthode « Nicolas Blondeau » : on désensibilise le cheval et on remet en place un code avec lui
– Dressage sur le plat (mise en place – souplesse – cadence)
– Equitation en extérieur (apprendre à aller seul sans avoir peur)
– Dressage sur les obstacles (pour tendre à enchaîner un petit parcours) »

 

Il s’agit de montrer au cheval qu’il y a une autre possibilité que tout droit en avant et vite!! L’écurie Seconde Chance ne vend pas des chevaux de compétition mais des chevaux réformés pour une équitation « classique »  avec éventuellement un potentiel dans une discipline en particulier.

« Malgré toutes les rumeurs que l’on peut entendre à propos des chevaux de course, vous serez frappés de constater la gentillesse, la polyvalence et la faculté d’adaptation de ces chevaux! » Mais ces chevaux demandent de la part du cavalier un peu plus d’anticipation car ils restent un peu plus émotif, sensible qu’un Selle Français. Ils ne conviennent donc pas à n’importe quel cavalier: il est recommandé d’avoir au minimum un niveau galop 6.

 

Rendez-vous demain pour découvrir quelques temoignages de cavaliers de Complet.
En attendant si vous souhaitez en savoir encore plus, voici le site internet:  www.ecuriesecondechance.com

 

Propos recueillis par Caroline Cousina