L’expérience anglaise de Maud Salicio chez Andrew Nicholson

Portrait Nouvelle Aquitaine
Cet article a été publié le : 10 février 2021 à 16h23
L’expérience anglaise de Maud Salicio chez Andrew Nicholson


Maud Salicio est une jeune cavalière installée à Saint-Saturnin près d’Angoulème en Charente (16). Après plusieurs saisons et de bons résultats en CCI2*L et Pro 2, elle a décidé de tenter l’aventure en Angleterre, auprès du monumental Andrew Nicholson. France Complet est allée à sa rencontre pour en apprendre un peu plus sur son quotidien en tant que cavalière maison et ses objectifs sportifs. 

Peux-tu nous présenter ton parcours qui t’a mené jusqu’à l’Angleterre ? 

« J’ai 22ans, je suis cavalière de complet depuis mes 11 ans. J’ai commencé l’équitation dans un club mais pour mes 10ans mes parents m’ont acheté mon premier poney. Nous sommes allés dans une écurie de propriétaires où j’ai fait la connaissance d’Edouard Legendre qui m’a coaché durant toutes mes années à poney. J’ai commencé en CSO et en Hunter avant de commencer le complet. J’ai fait les Tournées des As puis je suis passée à cheval assez tôt, à 14ans, avec mon premier cheval Pa Kin (SF par Espoir de Semilly et Etoile de Perousot par Genet d’Auzay). Il avait déjà beaucoup d’expérience donc j’ai évolué assez vite, en passant de Club 1 à Amateur 2 en moins d’une saison. C’était un vrai maître d’école comme il avait déjà tourné sur ces épreuves là. Ensuite j’ai eu Canelle qui était tout juste débourrée donc il y avait tout à faire! « 

Maud Salicio et Pa Kin – Photo coll.privée Maud Salicio

« Après mon BPJEPS, j’ai travaillé dans plusieurs écuries en France auprès de cavaliers Français où j’ai pris pas mal d’expérience. Avec la reprise des écuries cet été, j’avais mis de côté mon projet de partir en Angleterre. Au détour d’une conversation, Vicky (Victoria Scott-Legendre, la femme d’Edouard) m’a dit qu’Andrew Nicholson cherchait quelqu’un donc j’ai envoyé ma candidature. Puis Wiggy, la femme d’Andrew, m’a contactée par téléphone et puis ca s’est fait très vite. J’ai eu le temps de charger ma valise et ma malle de concours dans ma voiture pour partir pour l’Angleterre. J’ai pris le ferry et tout était nouveau pour moi comme conduire à gauche! Mais j’ai été très bien accueillie, je me plais vraiment bien ici. »

Quelles sont tes activités quotidiennes aux écuries du Wiltshire ? 

« Actuellement on est quatre, on forme une bonne équipe et suffisamment nombreuse ce qui nous permet de travailler les chevaux sérieusement mais dans la bonne humeur. Nos journées types : on fait les écuries tous ensemble le matin, on nourrit avec Wiggy qui est avec nous. En général le matin, Andrew va s’occuper des chevaux au pré et ceux qui sont à la retraite, dont Nereo. Ensuite on monte tous les chevaux jusqu’à environ 13h30/14h. Andrew établit le planning; j’ai entre 3 et 6 chevaux à monter par jour, soit sur une séance complète soit je lui détend et il le reprend sur les dernières minutes. Andrew a vraiment un œil sur tous ses chevaux, qu’on les détendent ou qu’on travaille. Il est toujours avec nous dans la carrière ou dans le manège pour avoir un œil sur notre travail. Il nous donne toujours des conseils et ca permet d’évoluer énormément. L’après-midi c’est la partie soins et mise au marcheur des chevaux, mise en place des parcours dans la carrière avec Andrew. Puis on refait une dernière fois les écuries le soir. »

« On a en ce moment une vingtaine de chevaux, en plus de ceux au pré qui sont retraités, des poulinières et des jeunes qui sont au pré à l’année. J’apprend vraiment beaucoup ici, le fonctionnement est différent de celui auquel j’étais habituée. Andrew est un des cavaliers avec le plus gros palmarès au monde. Et Wiggy est vétérinaire donc dès qu’il y a quelque chose à faire sur un cheval, elle nous explique tout, on est très bien encadrés. Andrew est très pédagogue et partage beaucoup avec nous. »

Maud Salicio et Canelle du Chanu Z – Photo P.Barki

Peux-tu nous parler de ta jument Canelle du Chanu Z ? 

« C’est une Zangersheide par Consul de la Vie Z et Reine du Chanu par Dollar Dela Pierre. Elle était clairement prédestinée au CSO ! Je l’ai eu à 5ans, elle n’avait rien fait, elle était à peine débourrée. Elle a aujourd’hui 12ans donc ca fait 7ans, elle est vraiment merveilleuse! Elle a un caractère bien trempé mais elle est très qualiteuse. Son point fort c’est sa qualité de saut, et elle a un vrai mental de guerrière sur le cross. Si je fais mon job, elle fera le sien sans aucun doute! Et on a de la chance d’avoir évolué ensemble depuis le début. Ca a été très compliqué parce que je n’avais aucune expérience avec les jeunes chevaux. On a commencé sur quelques CSO en Formation 1, puis en CCE en Amateur 3 pour évoluer jusqu’à maintenant. On vient de finir cette saison sur un niveau Pro 2 et je devais finir cette saison sur 3* au Pouget et à Barroca mais cela n’a malheureusement pas été possible à cause du Covid.

On a une vraie complicité toutes les deux, c’est aussi ca qui fait qu’on fonctionne bien sur le cross, je vois qu’elle adore ça et elle me donne tout et elle a tout le temps envie. Même si son caractère très jument la rend parfois compliquée, elle est quand même vraiment chouette! Je voudrais trouver un jeune cheval dans les mois à venir pour prendre la relève. Mais pour l’instant c’est plus simple en Angleterre avec un seul cheval. « 

Comment s’est passé la création des Ecuries Salicio ?

« Mes parents ne sont pas cavaliers ou issus du milieu du cheval mais ils m’ont toujours soutenu dans ma passion. C’est pour ça que lorsqu’ils ont eu l’opportunité d’avoir un grand terrain, on a construit les choses petit à petit. On a commencé avec des pensions pré simples, puis on a ajouté des abris de pré, puis une carrière, puis les écuries. L’écurie a été louée pendant 3ans à un autre cavalier. J’ai décidé de la reprendre cet été avec mon père. On fait des pensions box/paddock et des pensions au pré avec abris. Un nouveau bâtiment est prévu prochainement avec des nouveaux boxes, un manège et un marcheur. Durant mon absence, c’est mon père qui gère l’écurie. On a un palefrenier qui est super, que j’ai eu le temps de former avant de partir. Et moi aussi je gère de loin, en communiquant beaucoup et en étant organisés, ca se passe bien. J’ai des élèves à l’extérieur à qui je donne des cours par visio. C’est pas l’idéal mais ca leur convient. Et puis Edouard gère le travail des chevaux et les élèves qui sont sur place. Il y a vraiment une très bonne ambiance et c’est très chouette ! Edouard n’est plus mon coach désormais mais je suis très contente qu’il soit installé dans mes écuries. Je suis aussi contente qu’il ne soit pas loin, il m’arrive de lui demander quelques conseils lors des reconnaissances par exemple. On se connait très bien, depuis très longtemps, c’est quasiment un membre de la famille! et je sais que si j’ai besoin de quelque chose il est toujours là. « 

Maud et Canelle – Photo P.Barki

Quels sont tes objectifs à court-terme ? 

« Ce n’est pas prévu que je sorte les chevaux d’Andrew en concours. Et puis jusqu’à fin mars les concours ne sont pas possibles. Ici tout le monde pense que ca sera repoussé au moins jusqu’à mi-avril pour débuter la saison. J’aimerais bien courir mon premier 3* ici avec Canelle, parce que monter une épreuve de ce niveau sur cette terre de complet ca devrait être vraiment magique! Et ensuite on va continuer notre évolution au fur et à mesure. On va essayer de faire une saison sur CCI3*S et CCI3*L selon comment ca se passe. On va essayer de régler nos problèmes sur le dressage où Canelle n’est pas très coopérative. On va continuer aussi sur Pro 2 pour voir comment cela évolue. Ma jument me le dira pour la suite! On n’a pas prévu de venir courir en France cette année car Andrew ne pense pas se déplacer. Il sera là pour nous coacher avec le reste de l’équipe. Un de mes collègues est un membre de l’équipe junior britannique et tout le monde sort en complet avec ses chevaux perso. »

Et à plus long terme ? 

« Pour l’instant, je veux rester en Angleterre car je suis très bien ici et j’apprend tous les jours. Je ne laisserai pas ma place tout de suite! Et à mon retour en France, je vais m’investir à fond dans les écuries avec mon père. Parce que c’est un beau projet de famille et ca me tient beaucoup à cœur. Je veux toujours évoluer en tant que cavalière et en tant que compétitrice, je rêve de haut-niveau. Je sais que beaucoup en rêvent pour peu de places, mais je suis déterminée et j’ai beaucoup travaillé pour ça. Et puis je pourrais commencer à chercher un jeune cheval pour la relève de Canelle parce qu’elle vient d’avoir 12ans. Même si la connaissant, je suis sure qu’à 18ans elle sera toujours aussi folle de partir sur le cross ! Je ne suis pas pressée mais j’espère que le jeune sera prêt au moment de la retraite de Canelle, ca se prépare dès maintenant. Et puis Canelle passera une belle retraite au pré chez moi, et pourquoi pas faire quelques poulains aussi bons qu’elle ! »

Maud et Canelle à Sandillon en 2020 – Photo P.Barki

Quel est ton concours de rêve ? 

« Dans ceux que j’ai déjà couru, j’adore Pompadour. J’ai aussi couru pour la première fois à Sandillon l’année dernière, je me suis régalée par la qualité d’organisation, le terrain, les parcours; j’ai vraiment passé un super concours. Dans ceux que j’ai jamais couru, je voudrais aller à Bertichères pour le Royal Jump, c’est vraiment magnifique! Et puis le rêve ultime, pourquoi pas un jour Pau ou Badminton ! « 

Quel est ton cheval de rêve ?

« Nereo évidemment ! Mais comme cheval français, j’adore Qing du Briot, parce que c’est un régal à regarder en piste, sur les trois tests et sur tous les concours. il donne une impression de facilité; et puis le couple qu’il forme avec Thibaut Vallette n’a plus grand chose à prouver. J’adore ce cheval ! J’aimais aussi beaucoup Entebbe. »

Andrew Nicholson et Nereo – photo Pierre Barki

Andrew Nicholson a accepté de dire quelques mots sur Maud et sur sa saison pour les lecteurs de France Complet :

« C’est agréable d’avoir Maud avec nous ici en Angleterre. C’est une recrue récente arrivant de France et elle perpétue la tradition des jeunes cavaliers français qui sont venus s’installer ici pour s’entrainer avec moi. Elle est très dévouée et travaille dur. Quant à moi, j’ai un piquet d’environ 12 chevaux que je prépare pour le début de la saison de compétition ici en Angleterre, dès que l’on pourra ! J’espère emmener Swallow Springs jusqu’à Badminton, qui est prévu pour se dérouler à huis-clos à cause de la Covid. Je ne peux plus tenir mes engagements envers l’équipe Suisse pour le moment à cause des restrictions de déplacements pour entrer et sortir du Royaume-Uni. Normalement, je devrais aller en Suisse une fois par mois pour travailler avec les cavaliers, et je prévois de recommencer lorsque cela sera de nouveau possible. » 

Propos recueillis par MO